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Album

27 décembre 2017 - ZSK

Samael

Hegemony

LabelNapalm Records
styleDark Metal Indus
formatAlbum
paysSuisse
sortieoctobre 2017
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

A chaque nouvelle sortie de sa part, Samael est attendu au tournant. Il faut dire que tout au long de sa désormais longue carrière, le groupe suisse a quelquefois déçu. En ce qui me concerne, pas à l’époque d’Eternal (1999), album que je considère personnellement comme un authentique chef d’œuvre qui n’est pas loin de mon Top 10 all-time. Pas vraiment non plus pour Reign Of Light (2004), album que je considère comme plutôt sympathique avec quelques morceaux excellents ("Moongate", "Telepath"… et même "On Earth", oui oui). Pas non plus pour Era One (2006), ce méconnu album plus électronique qui a pour moi un légitime droit de cité. C’est surtout la fin des années 2000 qui a de mon point de vue été difficile pour Samael avec le quelque peu pompeux et ridicule Solar Soul (2007) et le plus bourrin et totalement raté Above (2009). Samael ne savait donc plus trop où aller et semblait sur le déclin après tant d’années à explorer son style entre Dark-Metal et Metal Indus. Mais sans se réinventer, en lorgnant à nouveau vers son glorieux passé et Passage en particulier tout en bonifiant bien ce qu’il avait fait dans les années 2000, Samael avait donc su revenir près de son meilleur niveau en 2011 à l’occasion de la sortie de Lux Mundi, très bon album de pur Samael mais suffisamment varié et inspiré, avec quelques hits à la clé, pour lui faire pardonner les quelques écarts des 2-3 albums précédents et lui redonner la chance qu’il mérite. Il faudra donc patienter pas moins de 6 ans, laps de temps qui lui aura permis de tourner et de se faire voir par tout le monde (même de votre ermite de serviteur) et aussi d’un peu faire évoluer son line-up avec l’arrivée de Drop de feu-Sybreed à la basse, pour que Samael confirme son regain de forme avec son 10ème album et successeur de Lux Mundi, Hegemony. Avec un nouveau label au passage, Samael continuant à faire le tour des gros labels européens en débarquant maintenant chez Napalm Records…

Première chose qui sera évidente à l’écoute de Hegemony : Samael ne se réinvente absolument pas et continue ainsi, à l’image de Lux Mundi, de jouer avec ses propres équilibrages et à jongler un tantinet entre ses différentes facettes, issues d’albums passés. Hegemony sonne moins Passage mais un peu plus Reign Of Light et Solar Soul mais en moins gnangnan, et allant plus à l’essentiel. Le Samael de Hegemony est donc assez direct, il évoquerait même un Above sans le tempo élevé hors de propos (et les blasts dégueulasses qui allaient avec) et plus de Sympho. Le chant de Vorph est d’ailleurs assez rocailleux et éraillé, et le son un peu plus rêche et abrasif. Hegemony est donc un peu plus « Black » que Lux Mundi, mais tout ceci est très relatif, car on reste dans l’esprit Indus/Dark Metal Sympho des albums sortis dans les années 2000 par les suisses, style qui a quelquefois été taxé de « Metal martial » et à juste titre d’ailleurs. De toute façon, tout Samael est là-dedans et des bribes de son style du milieu des années 90 restent présentes ici et là. A partir de là un de mes regrets est qu’on ne sent pas la patte de Drop qui pourtant, de ce que j’avais vu en concert, avait permis des réorchestrations un brin électroniques d’anciens morceaux, ça ne sera pas pour cette fois mais cela aurait été un axe d’évolution intéressant pour Samael qui pourrait à mon avis trouver sa voie dans un registre modernisé qui lui irait à ravir, plutôt que de continuer à capitaliser sur son passé même celui relativement récent. Et cela va nous donner au bout un Hegemony pas forcément facile à aborder, et surtout à y trouver un avis définitif et un intérêt par rapport au reste de sa discographie, autre qu’un « nouvel album de Samael » avec un peu plus de ceci et un peu moins de cela.

Après de menues écoutes, je suis donc passé par divers sentiments. D’album linéaire et oubliable à album tubesque et accrocheur, en passant par album satisfaisant mais en roue libre. Et au final, on se situe presque dans tous les cas de figure à la fois, comme quoi de nombreuses écoutes aux sentiments divers forgent un avis très complet sur la question… Ce qui ressort déjà, c’est qu’avec Hegemony Samael se refait déjà une bonne base de hits pour reconstruire habilement sa setlist en tournée (et enfin tourner la page des 20 ans de Ceremony Of Opposites…). Et il y aura de quoi faire ! Rien qu’avec le début sur "Hegemony" et surtout sur "Samael", car oui 30 ans après sa formation Samael a enfin sorti un morceau éponyme, voilà déjà deux hymnes retentissants pour le groupe suisse qui c’est sûr feront fureur sur les planches. Samael est plutôt inspiré, on le constatera un peu plus tard pour le très efficace "This World" porté par des riffs mordants et des lignes vocales prenantes, et est en réussite sur des morceaux plus travaillés, plus portés sur les ambiances mais qui sont aussi des tubes en puissance (les excellents "Angel of Wrath", "Red Planet" et "Murder or Suicide"). Cela nous fait déjà une moitié d’album bien consistante et montre bien que Samael n’est pas retombé dans les limbes et dans ses travers, même si je passe en vitesse sur le plus bourrin "Black Supremacy" qui nous rappelle malheureusement les sombres heures d’Above… Et le reste sera un peu plus dispensable, un peu comme pour Lux Mundi finalement, qui avait aussi quelques trous. Si "Rite of Renewal" est assez classique mais demeure inspiré (avec quelques jolies mélodies), c’est surtout sur la fin que Hegemony s’essouffle, une fois que tous les tubes sont passés. "Against All Enemies" est plutôt travaillé mais assez plat, idem pour l’assez convenu "Land of the Living", et on passera aussi sur le plus speed mais inoffensif "Dictate of Transparency".

Bref, on ne peut pas réussir à tous les coups mais avec des morceaux de la trempe de "Samael", "Red Planet" ou autre "This World", Samael se refait une belle base de hits et même s’il n’est du coup pas parfait et légèrement hétérogène, Hegemony fonctionne dans sa globalité. Comme pour d’autres albums, il faut lui enlever 2-3 morceaux pour qu’il gagne en efficacité, et on laissera à chacun le soin de zapper ce qui ne lui plaît pas. Mais Samael sait encore comment créer du hit de Metal martial et il le montre avec cet album accrocheur et souvent efficace, certes classique par moments, mais avec des compos qui continuent à faire mouche, et qui s’apprécieront encore plus une fois retranscrites sur scène. Certes, Samael n’évolue plus du tout alors qu’il avait pourtant de la marge et même des pistes d’évolution (quand on a l’ex-tête pensante de Sybreed dans la bande, c’est dommage de le cantonner à la basse qui n’est pas non plus un instrument très mis en valeur chez Samael…), et il est clairement en roue libre, mais tant qu’il est inspiré et qu’il ne s’auto-repompe pas vraiment, il peut se le permettre. Trouvant un bon équilibre entre différents albums passés et livrant des morceaux de qualité et même tubesques, Hegemony fait donc le boulot, même si après le retour en forme sur Lux Mundi on pouvait peut-être s’attendre à quelque chose de plus innovant. Mais Samael n’a plus rien à apprendre de personne, la prise de risque ça sera peut-être pour plus tard mais après tout, le groupe a déjà pris des risques dans sa longue carrière sans être forcément auréolé de louanges… donc après la réussite qu’avait été Lux Mundi, on ne peut pas leur reprocher de rester dans ses carcans surtout après 6 ans d’absence discographique, et surtout tant qu’il reste en bonne forme. On terminera toutefois ce plutôt bon Hegemony sur une surprise (outre le très dispensable bonus de la version digipack), une reprise du "Helter Skelter" des Beatles, même si en vérité Samael s’est fait doubler par les italiens de Spite Extreme Wing qui s’étaient déjà prêtés à l’exercice en 2008 sur Vltra… allez Samael, balancez les nouveaux hits de Hegemony sur scène mais après, tournez-vous vers le futur et innovez !

 

Tracklist de Hegemony :

1. Hegemony (3:47)
2. Samael (3:59)
3. Angel of Wrath (3:31)
4. Rite of Renewal (4:31)
5. Red Planet (3:58)
6. Black Supremacy (3:51)
7. Murder or Suicide (4:03)
8. This World (3:43)
9. Against All Enemies (4:31)
10. Land of the Living (4:05)
11. Dictate of Transparency (3:58)
12. Helter Skelter (The Beatles cover) (3:27)
13. Storm of Fire (Bonus) (4:12)

 

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