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Album

25 novembre 2017 - Storyteller

Loch Vostok

Strife

LabelVicisolum Records
styleMetal extrême progressif
formatAlbum
paysSuède
sortienovembre 2017
La note de
Storyteller
6/10


Storyteller

Why not ?

Quand on te parle d'un groupe comme étant « extrême metal progressif », forcément, tu fonces. Et quand en plus te ne le connais pas et qu'il n'y a pas de superstars dedans, ta curiosité est aiguisée au maximum et tu n'as qu'une envie : te lancer dans l'aventure. Bien sûr, il faut mettre un peu de contexte dans tout ça. Le nom du groupe Loch Vostok fait référence à un lac souterrain en Antarctique. Quand on vient du nord (de l'Europe, pas des Hauts de France !), regarder vers les terres froides et au-delà (l'Antarctique c'est au sud), ce n'est guère surprenant. Nos compères viennent d'Uppsala, ville de de l'Est suédois, connue pour son université, la plus vieille de Scandinavie. Des progueux dans une ville d'intellos ? Ça promet !

Loch Vostok n'est pas un groupe tout neuf, ils traînent leurs guêtres en acier depuis maintenant 2001 et ont sorti six albums. Strife est donc le septième, et le quatrième chez Vicisolum Records. Leur rythme de sortie a été relativement constant depuis leurs débuts : tous les deux ou trois ans malgré des vicissitudes racontées avec verve par le guitariste Teddy Möller sur leur site internet. En effet le lineup du groupe a changé un nombre impressionnant de fois au gré des succès (une tournée avec King Diamond) et des choses de la vie (rencontre amoureuse à l'autre bout du monde).

La carte d'identité de Strife comprend un mastering par Jens Bogren, connu pour son implication dans les albums d'Opeth, Arch Enemy et j'en passe, et un enregistrement par David Castillo, qui a travaillé avec Katatonia et Sepultura. Plutôt pas mal. D'ailleurs le son est vraiment puissant et clair, il s'adapte à la large palette des styles balayés par le groupe.

Car quand vous allez écouter Strife, il faudra vous caler dans un coin de votre esprit les mots de son fondateur : « expect the unexpected » / attendez-vous à l'inattendu. Il serait fort intéressant et certainement éclairant de participer à une séance d'écriture avec Loch Vostok. On peut les imaginer travaillant façon cadavre exquis ou patchwork tant les influences sont variées. Il y a dix titres sur l'album mais presque autant de saveurs de Metal.

On comprend rapidement que le propos de Loch Vostok c'est de faire ce qu'il veulent quand ils veulent, ils se posent en défenseur d'une écriture musicale éclectique et déstructurée. Ils ont bien travaillé le côté heavy des riffs et ils ont pimenté ça de Djent sur Cadence, avec des structures cassées dès le début du titre. Forever part dans le côté rock marshmallow, un peu mélancolique. Pas de grosses variations mais une ambiance poussée par le clavier en nappes. On aurait presque envie de danser un slow.

On sent parfois un quasi-hommage à d'autres groupes plus connus. The Apologists Are The Enablers sonne comme un morceau de Katatonia. Le chant sur Summer part dans les aigus, on se croirait dans un groupe de heavy allemand avant d'enchaîner sur du chant clair, un chant un peu extrême, des blasts, un refrain privilégiant le groove. Vous comprenez maintenant leur envie de mélanger les genres.

Ça joue pas mal, on retrouve des parties techniques bien pensées et le mélange des titres péchus (Yurei par exemple) avec des morceaux basés sur un ambiance et un propos (Expiry Date of the Soul of Man) a été réfléchi et ne laisse pas indifférent. Par contre, jouer l'éclectisme pose la question de l'identité de l'album. Le fil rouge est très difficile à sentir. Il semble être thématique, autour de la notion de perte. Mais sauter d'un univers à un autre peut être difficile à vivre, surtout quand on n'est pas fan de tel ou tel style. Par exemple, le djent me donne envie de tuer des chatons, ça veut donc dire qu'un titre de cet album va rentrer dans ma liste noire.

De plus, la platitude de certains morceaux ou de certaines parties, le manque de relief ou d'originalité de The Apologists are the Enablers ou Forever donnent trop souvent envie de passer à autre chose. Les bonnes idées sont entourées de passages trop moyens pour faire décoller l'ensemble comme le refrain de Ventilate. On sent le travail honnête du groupe mais ça ne fonctionne pas vraiment autant que ce que la promo le dit.

Peut-être suis-je frileux ou imperméable aux mélanges mais il ne me semble pas que Loch Vostok s'engage dans la bonne direction avec Strife. Trop de voies / voix différentes et des passages passionnants comme le solo ou le refrain de Yurei trop isolés pour que l'on ait envie de s'accrocher à l'ensemble de l'album. Alors tout n'est pas à jeter bien au contraire mais on ne retiendra que des petits bouts, ce qui est bien dommage pour un groupe avec une palette aussi large.

 

Tracklist

01. Babylonian Groove
02. Summer
03. The Apologists are the Enablers
04. Cadence
05. Forever
06. Yurei
07. Purpose
08. Ventilate
09. Consumer, Formerly Known as Human
10. Expiry Date of the Soul of Man