Chronique Retour

Album

22 novembre 2017 - S.A.D.E

All Pigs Must Die

Hostage Animal

LabelSouthern Lord Records
styleHardcore/Crust
formatAlbum
paysUSA
sortieoctobre 2017
La note de
S.A.D.E
7/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Amis lecteurs, sortez vos poings américains les plus solides et vos battes les plus lourdes, All Pigs Must Die est de retour. Quatre ans après le terrible Nothing Violates This Nature, les Bostoniens reviennent nous donner une petite leçon de Crust/Hardcore, juste pour être sûr qu'on n'a pas oublié les bases. Pour ce nouveau chapitre, on retrouve bien sûr les professeurs Kevin Baker (The Hope Conspiracy), Ben Koller (Converge, Mutoid Man), Matt Woods et Adam Wentworth (Both of Bloodhorse), auxquels vient s'ajouter Brian Izzi de Trap Them (comme si les CV des gus déjà présents ne pesaient pas assez).

Un line-up qui, plus que jamais, fait de All Pigs Must Die un super-groupe, et qui donc élève plus que jamais le niveau d'exigence, qu'on est en droit d'attendre du projet. Et d'entrée de jeu, c'est la guerre. Le morceau-titre ouvre l'album sur un blast explosif de quelques mesures avant de partir sur un pur riff Hardcore crustisant qui vous arrache à votre chaise sans vous demander votre avis. En à peine plus de deux minutes, APMD vous laisse déjà en sang sur le bord du trottoir. La production, signée (je vous le donne en mille) Kurt Ballou, est, comme sur Nothing Violates This Nature, parfaite : rugueuse (tout en restant lisible), hargneuse, percutante et méchamment compacte, tout est fait pour que vos dents se déchaussent le plus vite possible.

Et si les trois premiers morceaux de Hostage Animal sont clairement là pour faire du dégât (les cinquante secondes de Meditation Of Violence, ouch!) All Pigs Must Die ralentit le tempo et alourdit le propos avec Slave Morality. Bien évidemment, un album complet sur le ton des premiers titres aurait était tout simplement indigeste. Mais la rupture est un peu trop visible, un peu trop marquée, là où sur Nothing Violates This Nature, les morceaux moins franchement Hardcore étaient amenés de manière moins abrupte. Néanmoins, malgré cette arrivée un peu forcée, le ralentissement du tempo permet d'offrir quelques moments bien sentis, notamment ce riff assez angoissant qui traverse la première moitié de End Without End. Quelques moments bien sentis donc, mais qui peinent à faire oublier que les titres plus lents ne sont pas la principale force d'APMD. On peut même clairement avoir l'impression, au fil des écoutes, que les morceaux non purement Hardcore ne sont là que pour donner du relief aux bains de sang que nous propose le groupe sur les titres les plus vénères. On se retrouve donc avec un album un peu boiteux : une partie des morceaux, tout en ayant quelques qualités en propre, ne semble être là que pour céder sa place à la violence exacerbée des autres pistes (Moral Purge, ouch !). Le titre qui résume à lui seul cette espèce de déséquilibre qui parcourt l'album est Cruelty Incarnate : après une première partie qui tente de faire monter la pression sans y parvenir vraiment, APMD nous offre une déflagration Crust sur une poignée de mesures, avant de replonger vers des horizons moins frontalement brutaux. Et qu'est-ce qu'on retient du titre au final ? La grosse claquasse à mi-parcours et c'est marre.

Ce qu'on ne pourra en revanche pas enlever au désormais quintet, c'est l'absolue maîtrise des bonhommes. Pour ne prendre que le cas de l'ami Ben Koller, membre dont je connais le mieux la carrière et les différents projets, il faut être une sacrée statue pour ne pas admirer sa capacité à rendre le moindre pattern intéressant. Même le tou-ka/tou-ka hardcore de base (qu'il a pourtant déjà exploré en long, en large et en travers avec Converge), Koller arrive systématiquement en fin de mesure à nous mettre la rouste à l'aide d'un petit machin inattendu en syncope ou d'une micro-pause qu'on n'avait pas vu venir.

Au final, Hostage Animal laisse un petit goût de déception au fond de la gorge. Pas la grosse déception où rien ne fonctionne, mais le petit regret de savoir que l'album est bon alors qu'il aurait pu être excellent. Ce qui n'enlève rien au fait APMD sait toujours offrir de bonnes grosses séquences défouloir et que les amateurs de Hardcore extrême y trouveront forcément leur compte.

Tracklist de Hostage Animal :
01.Hostage Animal
02.A Caustic Vision
03.Meditation Of Violence
04.Slave Morality
05.End Without End
06.Blood Wet Teeth
07.Moral Purge
08.Cruelty Incarnate
09.The Whip
10.Heathen Reign