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Album

16 novembre 2017 - ZSK

Tau Cross

Pillar Of Fire

LabelRelapse Records
stylePost-Crust/Punk
formatAlbum
paysInternational
sortiejuillet 2017
La note de
ZSK
7/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Revoilà notre bon vieux Baron, Rob Miller, qui a marqué l’histoire du Crust/Punk avec Amebix… mais qui désormais, fait autre chose. On se souvient déjà que Amebix avait marqué son monde après 24 ans d’absence discographique, et un Sonic Mass diversement apprécié car très différent des débuts, c’est le moins qu’on puisse dire d’ailleurs. Amebix y avait pris un tournant très Killing Jokesque, très réussi, mais qui avait forcément déçu certains fans de la première heure. De toute façon Amebix n’est de nouveau plus, et Tau Cross va désormais clarifier les choses en entérinant logiquement les nouvelles aspirations musicales du Baron. Tau Cross est donc formé en 2013 autour de Rob Miller, de Michel Langevin (Voïvod), John Greenslit (Misery) et Andy Lefton (War//Plague). Le premier album éponyme de ce collectif international sorti en 2013 mettra donc les choses au clair, Tau Cross suivra logiquement le chemin de Sonic Mass, ultime album d’Amebix, avec un Post-Punk possédant tout de même un héritage Crust, sorte de Killing Joke en un plus râpeux mais tout de même assez aéré, avec des morceaux plus Rock et essentiellement acoustiques plutôt étonnants. Assez hétérogène malgré la présence de hits comme "Lazarus" ou "Fire in the Sky", Tau Cross avait besoin d’être confirmé, et de voir si Miller et ses comparses en ont encore sous la semelle. Pour appuyer leur pur côté Punk ou leurs autres influences, ou les deux à la fois, peu importe, voici Pillar Of Fire toujours chez Relapse Records.

"Raising Golem", ouverture bien rythmée, nous prouve déjà que Tau Cross est en bonne forme et n’a pas bougé d’un pouce par rapport à l’éponyme, que ce soit sur le fond ou sur la forme. Déjà, on remarque que le paysage musical est relativement mélodique, et le Baron nous propose déjà des vocaux clairs. Tout ceci va majoritairement façonner les 50 minutes de Pillar Of Fire, qui va s’avérer plus homogène que son prédécesseur, mais comportant toujours son lot de surprises ou d’écarts musicaux. Bien évidemment, de prime abord on s’intéresse à ce qui est le plus mordant et aux riffs couillus façon Killing Joke avec un peu plus de graisse. De ce côté Pillar Of Fire propose un bon petit paquet de compos acérées et inspirées ("Bread and Circuses", "On the Water", le très direct "Deep State", "Killing the King", le bien couillu "RFID") et se laisse même aller à de la franche lourdeur ("Bread and Circuses", le mid-tempo de "The Big House", "Seven Wheels" et son chant bien gras). Mais le spectre de Tau Cross demeure large et son Crust/Punk « gentil » est bien évidemment agrémenté de nombreux passages mélodiques, toujours dans l’esprit de Killing Joke. "Bread and Circuses", "Killing the King", "The Big House", "A White Horse" surtout, ou encore "On the Water", "RFID" et "Seven Wheels" sont autant de morceaux où Tau Cross se laisse aller à de belles envolées mélodiques, désenchantées ou aériennes. Mais la fluidité est au rendez-vous et Pillar Of Fire permet déjà à Tau Cross de trouver l’équilibre qu’il manquait à Tau Cross. Si on cherche du Killing Joke en plus crunchy mais tout aussi mélodique, il y a de quoi faire…

Et bien évidemment, Tau Cross ne s’arrête pas là même si en choisissant la simplicité, il aurait facilement pu sortir un album bourré de feeling et de tubes. Même Killing Joke fait moult écarts sur ses derniers albums et Tau Cross ne va pas déroger à la règle. Notons déjà que le chant clair de Rob Miller est assez présent et se fait toujours remarquer positivement ("Pillar of Fire", "Killing the King", "The Big House" où il est bien contrebalancé par les vocalises hurlées, "RFID"). Et sur toutes ces bases mélodiques, Tau Cross n’hésite donc pas à se poser au coin du feu avec des pistes essentiellement voire totalement acoustiques. Si sur Tau Cross ces morceaux avaient du mal à convaincre, ici le groupe réussit son coup, notamment grâce au morceau-titre qui constitue le premier moment « à la cool » de l’album mais s’avère tout simplement beau ; ainsi que grâce au final légèrement folkisant et très épique qu’est "What Is A Man". L’intro de "The Big House" offrira encore un passage acoustique très enlevé afin de respirer. Dans la lignée de son premier album, Tau Cross réussit donc aisément à faire ce qu’on attend de lui : du Killing Joke en plus rocailleux qui assume son background Crust (notamment au niveau des vocaux principaux où on peut comparer la voix du Baron avec celle de Jaz Coleman après une angine, trois paquets de clopes et une bouteille de Jack Daniel’s sous la canicule) et émaillé de moments plus calmes et feutrés totalement assumés. Cela bien sûr ne sera pas fait pour ceux qui s’attendaient à ce que Rob Miller refasse du Amebix des années 80 mais Tau Cross, bien évidemment, n’est plus Amebix

… Même celui de Sonic Mass quelque part, la direction prise étant moins tribale, toujours travaillée mais dans un domaine un peu différent. Tau Cross permettant quelque part d’assumer ce style qui ne correspondait plus au « nom » Amebix. Si Pillar Of Fire permet aisément de gommer les défauts de Tau Cross, personnellement je considère que Sonic Mass reste au-dessus de ce que Tau Cross produit depuis sa formation. Son côté tribal, ses morceaux inoubliables comme "God of the Grain", font que pour moi cet album reste intouchable en l’état. Tau Cross n’a pas vraiment suivi ce « concept », juste gardé certains éléments musicaux pour faire quelque chose d’un peu plus immédiat et aéré d’une autre manière. Finalement, Pillar Of Fire lasse assez vite, et étonnamment ne produit pas tellement de hits à la "Lazarus" et "Fire in the Sky". Je retiens pour ma part "Raising Golem" et surtout l’excellent et entraînant "RFID", malgré tout "On the Water", "Deep State" ainsi que "Killing the King" valent leur pesant de cacahuètes. Mais Tau Cross peut faire encore mieux, Sonic Mass l’a prouvé, et mine de rien pourrait presque réellement rivaliser avec Killing Joke. Pillar Of Fire n’en est pas moins réussi, surprenant dans le sens où on sent que c’est du Crust/Punk qui en a sous la semelle mais a bien embrassé le Post-Punk tout en n’hésitant jamais à envoyer les mélodies et les écarts clairs et acoustiques. Ça plaira ou pas selon les sensibilités Crust/Punk et Post-Punk de chacun, Pillar Of Fire n’est pas encore un album inoubliable mais n’en est pas moins sympathique, remplissant le contrat en attendant que Killing Joke ne repointe le bout de son nez et que la bande du Baron continue à nourrir ses ambitions.

 

Tracklist de Pillar Of Fire :

1. Raising Golem (5:13)
2. Bread and Circuses (4:52)
3. On the Water (5:08)
4. Deep State (5:05)
5. Pillar of Fire (4:16)
6. Killing the King (5:41)
7. A White Horse (3:01)
8. The Big House (5:28)
9. RFID (2:49)
10. Seven Wheels (4:46)
11. What Is A Man (4:10)