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Album

17 août 2017 - S.A.D.E

Dvne

Asheran

LabelWasted State Records
styleProg/Sludge/Stoner
formatAlbum
paysRoyaume-Uni (Écosse)
sortiejuillet 2017
La note de
S.A.D.E
9.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Quatuor écossais actif depuis 2013, DVNE sort cette année son premier long format (faisant suite à deux EP) et entre directement dans la catégorie des groupes à suivre absolument. Avec la note juste au-dessus et une intro pareille, je pense avoir fait le nécessaire pour vous éveiller votre curiosité, passons maintenant au cœur du sujet.

Intitulé Asheran, ce premier album du combo est absolument imparable. Difficile de savoir par où commencer tant tout est intéressant et mérite une attention permanente. Peut-être est-il judicieux d'essayer (je dis bien essayer, et le mot est important) de cerner le style dans lequel œuvre DVNE. Pour faire dans le name-dropping un peu barbare, prenez le riffing d'un Mastodon période Crack The Skye, ajoutez-y une composante death progressif à la Hacride, mettez une touche de post quelque chose entre Neurosis et Isis, sans bien sûr oublier l'éternel élément indéfinissable qui fait que tout chef-d'œuvre (le mot est lâché) reste hors norme, et, avec tout ça, vous avez une sphère au centre de laquelle se trouve Asheran. Rien qu'avec cette tentative de circonscription, vous avez déjà une idée de la richesse qui compose ce premier album.

DVNE nous balade entre instants fragiles et aérien (Virdian Bloom, Sunset's Grace) et abîmes de colère surgissant au détour d'un riff (Thirst, Rite Of The Seven Mournings, Scion) tout au long de pistes progressives et narratives. Le son est excellent, précis sans être aseptisé, moderne tout en gardant une touche d'overdrive à l'ancienne, laissant chaque instrument prendre la place qu'il lui faut et permettant de saisir le travail d'orfèvre que le groupe a effectué sur chaque séquence : dès que l'on croit avoir saisi l'essence d'un titre, ou même d'un passage, DVNE se débrouille, sans que l'on comprenne comment, à nous surprendre de nouveau. Le travail sur les voix est également splendide. Deux chants s'entremêlent au fil de l'album, l'un plutôt clair (même si capable d'aller chercher des tons plus colériques), l'autre growlé, mais toujours compréhensible. Le point d'orgue de cette utilisation du double chant est peut-être sur Descent of the Asheran (possiblement le meilleur titre de l'album, même si isoler un titre de Asheran ne rime à rien, concept album oblige, on y revient). Sur la première partie du titre domine une ambiance assez apaisante, même si l'on sent que ça peut basculer à tout moment, et c'est donc avec un chant clair que le groupe habille le tout : enlevées, célestes et épiques, les lignes de chant de cette première partie vous collent des frissons. Et quand l'ambiance s'alourdit, que le ton se fait plus grave, c'est en tout logique le growl qui prend le dessus, amenant une tension et une rage qui contraste de la plus belle des manières avec ce qui précède (et qui suit, puisque la fin du morceau retrouve, un peu, de l'apaisement du début).

Venons-en maintenant à l'architecture conceptuelle de l'album car, comme mentionné un peu plus haut, Asheran est bel et bien un concept album. Et quel concept ! L'album suit la trajectoire de quelques personnages arrivant sur une planète qui fut, des millénaires auparavant, le berceau de leur civilisation. Malgré des paroles parfois un peu cryptiques (rien de négatif dans le terme), DVNE nous décrit les impressions étranges et métaphysiques de ces (re)colonisateurs, leur rapport avec ce monde qui est le leur mais dont ils ont tout oublié, sans oublier d'ouvrir l'ensemble sur des questionnements bien plus proches des nôtres : le rapport à la nature, à l'environnement, dans un monde où la technologie devient reine. Le tout sans se vautrer dans une thèse béate et niaise : DVNE se contente de soulever des questions, d'apporter des réflexions, sans jamais trancher sur une éventuelle solution. Ajoutez à ce concept incroyable un artwork de toute beauté, sorte de désert sci-fi qu'on se rêve traverser avec Asheran comme BO, et vous comprenez pourquoi DVNE s'inscrit directement dans le top 2017.

Quel autre conseil valable que "jetez-vous sur cet album " pour conclure cette chronique ? Allez-y les yeux fermés, écoutez, réécoutez, savourez, et ce, jusqu'à épuisement (le vôtre, d'épuisement, Asheran quant à lui semble inépuisable).

Tracklist de Asheran :
01.The Crimson Path
02.Virdian Bloom
03.Thirst
04.Descent Of The Asheran
05.Sunset's Grace
06.Rite Of The Seven Mournings
07.Edenfall
08.Scion