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samedi 8 avril 2017

Mayhem @Lyon

CCO - Lyon

S.

Il règne comme un parfum de printemps en ce début avril, mais ce sont de sacrés oiseaux qui vont gazouiller ce mardi soir dans l’antre du CCO de Villeurbanne. Ni plus ni moins que les légendaires norvégiens de Mayhem, qui ont entrepris une tournée européenne baptisée « Purgatorium Europæ Septentrionalis MMXVII », du 24 mars au 16 avril dans une bonne quinzaine de pays. Dans leurs valises, ils ont avec eux les Anglais de Dragged Into Sunlight et les Français de Khaos Dei. Enfin pas tout à fait. Les organisateurs ont informé de l’annulation du premier groupe de ce soir, Khaos Dei, sans plus d’explications. On apprendra un peu plus tard que les bordelais ont été remerciés de la tournée, là non plus sans davantage de précisions. Soit. Les hostilités commencent donc un peu plus tard, peu après 20 heures. La salle est déjà plongée dans un épais brouillard, où percent, ci et là, quelques lumières rougeâtres. Avec toute la ponctualité qui caractérise l’asso’ Sounds Like Hell Productions, le premier groupe s’élance.

La charge revient alors aux Anglais de Dragged into Sunlight d’ouvrir le bal. Je n’avais pour ainsi dire jamais entendu parler d’eux, c’est donc vierge d’a priori que j’aborde leur set.
Force est de constater qu’ils sont bien loin de m’avoir convaincu. D’abord, les musiciens jouent dos au public (sans doute pour se donner un genre méprisant) et dans la quasi obscurité, seulement trahie par des stroboscopes aveuglants et une lumière rouge rétroéclairant des crânes de cerf, rappelant un peu ce que fait Regarde les Hommes Tomber. Les Britanniques proposent un mélange, ou plutôt une bouillie de plusieurs styles, Black dans l’esprit, Death par moment, Hardcore dans la voix et Doom durant quelques passages lourds, mais tout cela n’a ni queue ni tête, pas d’ambiance, rien, un encéphalogramme plat dans ce flot de décibels assourdissants. Je me demande bien pourquoi caser un groupe aussi quelconque avant une tête d’affiche d’une telle envergure.
De leur set, seule la mise en scène présentait un intérêt, avec les crânes, bougies et tout l’attirail qui va avec. Ah, et je ne vous ai pas parlé du type qui n’arrêtait pas de gueuler dans le public, aussi insupportable que ceux qui se produisaient sur scène. Bref, pas ma came.

 

Setlist :
To hieron
Omniscienza
Absolver
Buried With Leeches
Volcanic Birth
Lashed To The Grinder And Stone To Death

 

J’étais loin de m’imaginer qu’un jour une formation aussi culte serait de passage en terres lyonnaises, pourtant l’association du soir a réussi à attirer les Norvégiens de Mayhem ici. En plus, c’est une tournée très spéciale, puisque les Scandinaves joueront intégralement l’un des albums les plus cultes de l’Histoire du Black Metal, De Mysteriis dom Sathanas, dont l’esprit se perpétue sur bon nombre de groupes actuels, preuve de son influence sur la scène. Pour ce qui me concerne, c’est aussi le seul opus d’intérêt de Mayhem, considérant qu’après celui-ci, tout ou presque est à jeter à la poubelle, persuadé que leur existence actuelle repose uniquement sur leur notoriété acquise par le passé. Cela fait alors 23 ans que je considère Mayhem comme cliniquement mort d’un point de vue production. Ce soir c’est donc en quelque sorte une résurrection, un bond dans les années 90’ que je m’apprête à vivre, avec toutefois une grande question qui me hante : vais-je retrouver l’atmosphère si particulière de l’album ? Je répondrai sans trembler : oui. Trois fois oui.
C’est dans leurs tenues monastiques, en phase avec la cathédrale de Nidaros ornant l’album joué ce soir et trônant en backdrop, que le quintet monte sur les planches du CCO. La mise en scène est soignée, avec bougies, chandeliers, étendards morbides, autel cadavérique, prépondérance des lumières bleues, avec beaucoup d’obscurité et de brouillard. L’ensemble de ces éléments crée toutes les conditions favorables à une ambiance asphyxiante, support de tous les hymnes qui vont être interprétés… « Funeral Fog », « Freezing Moon », « Pagan Fears », « From the Dark Past »…autant de titres qui s’élèvent au rang de légende, fort bien interprétés. La présence d’Attila, qui a posé son chant sur l’album, est à l’évidence déterminante tant sa voix et son aura participent à cette sensation de messe noire régnant dans la salle. Le bonhomme apparait totalement possédé derrière son masque et sa gestuelle décalée, je pense notamment à cette sorte de rituel avec un crâne sur le dernier titre. Necrobutcher, à la basse, impose également de sa présence malgré son gabarit, tandis que les deux autres guitaristes, encapuchonnés, restent en retrait. Enfin, Hellhammer demeure peu visible derrière sa batterie, qui s’apparente d’ailleurs plus à une cage, où les futs rugissent. Notons que quelques interludes se sont incrustés entre les morceaux, bien qu’absents sur album, ils apportent leur pierre à l’édifice pour donner un fil conducteur et du liant aux différents titres.
Après l’éponyme De Mysteriis dom Sathanas concluant de fort belle manière le show, nous retournons dans le présent, avec ce sentiment d’avoir vécu une heure de concert totalement dantesque, infernale et ritualistique, preuve que Mayhem est sorti de son tombeau ce soir, avec sa setlist forcément parfaite et un son très correct.

 

Setlist :
Funeral Fog
Freezing Moon     
Cursed in Eternity
Pagan Fears
Life Eternal
From the Dark Past
Buried by Time and Dust
De Mysteriis Dom Sathanas

Merci à tous les acteurs de cette soirée.

Revivez une partie de la soirée avec 4 vidéos :

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