Live reports Retour
lundi 3 avril 2017

Lead Us Into Hell

CCO - Lyon

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Sleap : Je ne pensais pas faire autant d’allers-retours à Lyon en 2017, mais c’est déjà la troisième fois que je m’y rends depuis le début de l’année. Cependant, après le fabuleux set de Magma il y a trois semaines, il est temps d’abandonner les sphères éthérées de la musique des 70’s pour revenir à la sauvagerie, au chaos, à la saleté, la sueur et l’alcool… Bref, aux années 80 !

Le line up du jour, concocté par l’ami Rikk Kunt, est en effet constitué à 666% de tout ce qui se fait de plus véloce, crade et primitif au sein de l’underground français (et même étranger) ! Une avalanche de groupes francophones gravitant autour de la scène Speed Metal qui se clôturera par un final apocalyptique sur les Norvégiens de Deathhammer – dont l’un des morceaux donne justement son nom au festival. En somme, une journée inratable pour tout amateur d’old school !

Après une frugale collation, j’arrive donc au CCO alors que le premier groupe a déjà entamé son set. Je suis très heureux de retrouver cette excellente salle d’environ 400 places, et d’autant plus lorsqu’elle est aussi peuplée. En effet, les derniers concerts d’extrême que j’avais pu faire là-bas il y a quelques années s’étaient soldés par de tristes chiffres en termes d’affluence. C’est donc un plaisir de voir autant de monde en ce samedi après-midi. Des gens de Lyon ou de la région, mais également de toute la France et même de l’étranger. Et pour couronner le tout, il n’y a quasiment que des copains ; ce petit festival est déjà une réussite.

***

Sleap : Après l’écoute d’une démo dont plusieurs amis m’avaient vanté les mérites, j’étais impatient de voir ce que donnait Goatspell sur scène. Malheureusement, mon arrivée tardive ne me permet pas de me faire un véritable avis sur leurs prestations live. Je n’assiste en effet qu’aux 10-15 dernières minutes de set, et le son est en plus extrêmement brouillon. J’apprécie tout de même les nombreux passages skank beat bien Punk dont le groupe use et abuse, ainsi que le petit featuring au chant improvisé par l’un de mes confrères (encagoulé) dont je tairai le nom. J’espère avoir l’occasion de revoir le groupe dans de meilleures conditions à l’avenir, et sans rater le début cette fois !

C’est ensuite au tour des copains de Deathroned de fouler les planches. J’avais déjà eu l’occasion de voir les jeunes thrashers franciliens sur scène mais j’avoue ne pas avoir été emballé plus que cela. La configuration « power trio », bien que très classe scéniquement, n’était, à mon sens, pas adéquate à la musique du groupe. Mais ce concert, avec cette fois-ci Florian à la deuxième guitare, s’avère en revanche bien plus convaincant. Le son est bien meilleur que les fois précédentes et les gars ont gagné en assurance sur scène, c’est certain. En plus des morceaux de leur EP et d’un final sur l’éponyme Deathroned extrait de leur première démo, nous avons également droit à un ou deux nouveaux titres. Pas de reprise de Violent Force cette fois-ci, mais un set fort sympathique tout de même.

Je passe ensuite sur Nuclear Abomination et Sepulchral Voices. Il y a décidément beaucoup trop de copains à ce festival, et cela empiète beaucoup (beaucoup) sur certaines prestations… Le temps d’assister brièvement à une reprise de Outbreak of Evil par le trio belge, et je vais faire quelques emplettes aux stands de merch.

Iron Slaught

Sleap : Après leur excellente prestation il y a pile un an aux cotés de Tentation et Hexecutor, je trépignais d’impatience de revoir Iron Slaught sur scène. Et, même si ce précédent concert reste bien au-dessus, je passe encore un très bon moment en compagnie des bigourdans. Le trio nous interprète sans surprise son unique MLP en intégralité et convainc absolument toute l’assemblée. Les inconditionnels du combo de Tarbes sont tous présents et entonnent les refrains à tue-tête, et les curieux affluent de plus en plus au fil du show. Même si la diversité des registres peut dérouter en studio, c’est un véritable carton en live. Iron Slaught tape en effet dans tous les styles, de la NWOBHM au Thrash en passant par le Speed ou le Heavy épique, il y en a pour tout le monde. Je suis encore un peu rebuté par certains passages vocaux, mais le concert est un vrai plaisir. Le tout s’achève en plus sur une reprise de Abattoir assez inattendue. Les fans sont comblés et les curieux viennent de prendre une jolie claque. Encore bravo !

Mortal Scepter

Sleap : Place maintenant aux deux groupes que j’ai certainement raté le plus de fois en live ces derniers temps. Et cela commence avec un sympathique dépucelage de Mortal Scepter. Je dis sympathique parce que, là encore, le son ne va pas être des plus exemplaires. La seconde guitare est bien trop en retrait et le son de batterie déconne pas mal de fois durant le set. Les vocaux de Lucas sont également très indistincts, même placé juste devant lui. Dommage. En dehors de cela, après un excellent premier effort l’an dernier, les nordistes démontrent un savoir-faire certain en live. Mention spéciale à la paire de gratteux qui riff sévèrement, mais alors très sévèrement. Un régal autant pour les yeux que les oreilles ! Et, alors que tout le monde attendait une reprise de Destruction en fin de set, c’est finalement un Left to Die aussi inattendu que surpuissant qui nous est délivré. Malgré un son assez approximatif, c’est donc une bonne première fois en ce qui me concerne. À bientôt je l’espère, dans des conditions encore meilleures !

Manzer

Sleap : Après je ne sais combien de concerts loupés, le jour est enfin venu pour moi de voir les poitevins de Manzer en live. Le tout commence sur Prowler from Hell, l’un de mes titres préférés, et c’est exactement ce à quoi je m’attendais ! Du gros Speed Metal bien evil et crade entrecoupé de tirades du type « est-ce que tu aimes la bonne chère ?! ». Avec un son cette fois-ci parfaitement adéquat (sans blagues). En revanche, la salle est étonnamment moins peuplée que pour certains autres groupes de la journée. Je dois certainement être le seul ici à n’avoir encore jamais vu le groupe sur scène. Mais qu’importe, je passe un excellent moment. La setlist est essentiellement axée sur le dernier full-length que je découvre donc en live. J’aurais préféré un peu plus de morceaux de Pictavian Bastard et surtout de Orgy and Profanity, mais le set est tout de même très bon. Le point d’orgue est évidemment atteint lors du titre éponyme de la fameuse première démo, mais la véritable surprise arrive en toute fin de set. En effet, alors que le bassiste déchire son vieux t-shirt Manowar, le doute s’empare de moi : aime-t-il ou déteste-t-il ce groupe ? Le doute est levé dès les secondes suivantes lorsque résonne l’intro de Gloves of Metal ! Malgré le chant « décalé » de Shaxul, le morceau est assez bien restitué, et c’est évidemment la liesse dans la fosse. Un final en parfaite adéquation avec le festival. Chapeau !

Hexecutor

Sleap : Curieusement, le groupe que j’attendais le plus lors de cette journée est le groupe que j’avais pourtant vu le plus de fois. Mais ceux qui ont déjà vu Hexecutor en live comprendront aisément ce sentiment. Les Rennais sont en effet l’un des fleurons de l’underground français actuel, et la qualité de leurs prestations live n’a d’égale que celle de leurs enregistrements. Et sans surprise aucune, le groupe va faire un carton ce soir. Malgré la qualité de la tête d’affiche, c’est bel et bien Hexecutor qui remplira le plus la salle aujourd’hui.

Dès l’ouverture sur Macabre Ceremony, le public semble totalement acquis à la cause du groupe. Mais la fosse explose véritablement lorsque Jey annonce La Sorcière du Marais, qui s’impose déjà comme l’un des titres phares du combo rennais. Bien que déjà excellent à l’époque de son premier EP, le groupe semble avoir gagné en assurance et en qualité d’(h)exécution ces dernières années. De plus, bien qu’encore légèrement indistinct, le son est meilleur que pour les groupes précédents. Avec un public chauffé à blanc, tout est réuni pour faire de ce concert l’un des meilleurs de la journée. Pour mon plus grand plaisir, Soldiers of Darkness et Metal Witchcraft sont toujours dans la setlist. Mais la part belle est évidemment faite à l’excellent premier full-length du groupe, avec entre autres Phalanx of Damnation, Visitation of a Lascivious Entity et un final en apothéose sur Hardrockers City, désormais classique absolu du groupe. J’hésite encore avec le groupe suivant pour mon concert de la journée, mais Hexecutor est assurément LE groupe qui a mis tout le monde d’accord lors de ce Lead Us Into Hell !

Deathhammer

Sleap : Voici maintenant le moment que beaucoup attendent aujourd’hui, à commencer par l’organisateur lui-même. Véritable mode de vie pour Rikk Kunt depuis de nombreuses années (vivre Deathhammer, penser Deathhammer, manger et boire Deathhammer, etc), c’est aujourd’hui la consécration puisqu’il ne s’agit ni plus ni moins que de la première date française du groupe.

Les Norvégiens fortement alcoolisés arrivent sur une doublette Warriors of Evil / Voodoo Rites qui met d’emblée une ambiance électrique dans le public. Mais c’est lors de Army of Death et surtout de Lead us into Hell que la fosse se transforme en vrai champ de bataille. Le frontman Sergeant Salsten encourage d’ailleurs le public dans cette voie durant tout le show à coup de « We need violence !!! » ou encore « Kill eachother !!! ». En revanche la qualité sonore redevient très irrégulière durant ce dernier concert. Tantôt le chant, tantôt les guitares, tantôt la basse, rien n’est jamais totalement distinct. C’est évidemment un set de Deathhammer donc cela ne m’étonne guère, mais c’est tout de même dommage. Hormis une inattendue reprise de Tyrant of Hell (Slaughter), c’est la doublette Fullmoon Sorcery / Satan is Back qui constitue le pic de violence du concert. Clairement l’un des meilleurs moments de la journée pour moi.

En revanche, après ces instants de folie, le set part un peu trop en sucette à mon gout. Les quatre Norvégiens, bien trop alcoolisés à ce stade, commencent à se marcher dessus, à chanter à coté du micro, à perdre leurs jacks, etc. C’est en même temps marrant à voir, et désagréable à entendre car les tout derniers titres (dont Tormentor si je ne m’abuse) sont complètement massacrés. Bref, une fin à la Deathhammer qui met un point d’honneur à cette journée de vices et de perversion. Total(is) Metal !

***

Après un petit discours de Rikk Kunt et un moment d’émotion à base de gâteau d’anniversaire et de Battle Hymn, c’est donc une des journées les plus épiques de l’année qui se termine. Mais ce n’est que le début au vu de l’after qui se prépare. Je ne m’étendrai pas sur celui-ci mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’il fut à l’image du festival : Hard !

Je ne crois pas avoir été témoin d’une aussi grande concentration de potes au mètre carré. Venus de toute la France, tous les passionnés (ou presque) étaient là, et c’était un plaisir de partager tous ces moments avec vous. Encore un grand bravo à Rikk et ses bénévoles pour avoir mis tout cela sur pied avec autant de professionnalisme. C’était un plaisir de retrouver le CCO pour un événement aussi exceptionnel. On croise les doigts pour une seconde édition !