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Album

31 janvier 2017 - ZSK

Maladie

Symptoms

LabelApostasy Records
stylePlague Metal
formatEP
paysAllemagne
sortiedécembre 2016
La note de
ZSK
7/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Pour commencer classiquement une chro, parlons un peu du line-up du groupe concerné… ce qui ne va pas être facile avec le combo allemand Maladie qui compte pas moins de 8 membres ! Formation protéiforme, Maladie est plus à considérer comme un collectif, à l’image de The Ocean en quelque sorte. Pas moins de 4 mouvements de personnel avaient d’ailleurs eu lieu en 2013, un an avant la sortie de leur deuxième album Still, qui les avait révélés. Qui avait révélé leur « Plague Metal », sorte de Dark/Black Metal progressif et un brin avant-gardiste. Maladie est donc constitué de musiciens évoluant ou ayant évolué dans des formations comme Spheron, God Enslavement, Tombthroat, Jack Slater, Deadborn ou Raw, rien de très connu mais un beau catalogue de formations germaniques de Death ou de Thrash (ou les deux à la fois). On y retrouve également Déhà, éminent et hyperactif musicien qui compte notamment à son tableau de chasse Clouds, We All Die (Laughing), Imber Luminis, Merda Mundi, Sources Of I et tant d’autres passés et présents (dont God Enslavement depuis peu). Une sacrée équipe qui existe depuis 2009 et propose depuis 2012 et Plague Within son Metal extrême torturé, intelligent et riche. Si ledit Plague Within était un galop d’essai, Still (2015) avait confirmé tous les talents du groupe avec un album varié et ambitieux. Un an plus tard, Maladie va tenter une autre approche de son art avec cet EP, Symptoms.

S’il n’est pas facile de décrire le line-up de Maladie, il n’est pas facile de décrire sa musique non plus, Metal extrême blackisant multi-cartes à la fois traditionnel et moderne, complexe et fluide, piochant dans moult sous-genres que ça soit le dépressif, le progressif ou l’avant-garde (le raffiné et le barré). Still n’était donc facile à aborder mais sonnait comme une belle petite réussite. Avec Symptoms, Maladie va faire un léger exercice de style qui, à nouveau, ne va pas être facile à mettre en mots. Surtout que cet EP n’est constitué que d’un seul morceau, "Divinitas - A Journey", de presque 42 minutes. Certes, le groupe avait déjà pondu des morceaux longs (18 minutes pour l’excellent "Inexistentia" de Still par exemple), mais là c’est une seule composition fluide que nous propose le collectif allemand, uniquement séparée en 8 parties pour être accepté par les sites d’écoutes en ligne de leur propre aveu… d’ailleurs pour ma part, Symptoms m’est présenté en une seule piste. Il va donc falloir s’armer de courage pour digérer cette œuvre dodue qui reprend déjà la plupart des particularités de l’art metallique de Maladie, entre différents vocaux hurlés ou clairs, trémolos mélodiques et blasts, moments plus atmosphériques et posés, et passages plus expérimentaux à renforts de cuivres. Première base pour aborder Symptoms, il est moins barré et plus éthéré que Still, Maladie nous invitant à prendre part à une sorte d’introspection musicale à prendre en un bloc.

On remarque cet état de fait dès l’intro émaillée de parties de saxophone, qui seront tout au long de cet EP tantôt posés, tantôt bavards. Ce n’est qu’à partir de 5 minutes que l’on entend les premières grattes, très mélodiques. En prenant le contrepied de ce qu’il avait fait de plus cossu sur Still, Maladie nous réserve hélas quelques menues longueurs d’emblée, heureusement la richesse de "Divinitas - A Journey" nous apparaît bien vite. Certes, cette longue compo est souvent basée sur des rythmiques qui reviennent, ainsi que quelques mélodies, et notamment de menues accélérations blastées, dont la première occurrence n’arrive qu’à 10 minutes. Capable de nous rappeler à tout moment les meilleurs passages de Still, Maladie a cependant clairement choisi une autre voie, plus éthérée, ce qui se confirme lorsque les breaks très enivrants se pointent (vers 12 et 22 minutes par exemple) ou encore des montées bien épiques (vers 16 et 29 minutes) avec quelques points d’orgue remarquables (comme le saxo très doux vers 18 minutes, suivi d’un beau solo). On notera aussi les quelques petites expérimentations ou écarts instrumentaux, comme ces incursions de percussions tribales (vers 13’50 puis à nouveau vers les 25’, où le saxophone se lâche un peu aussi) ou encore l’invitation du violon, qui émaillera la toute fin ambiante de ce morceau très intéressant qu’est "Divinitas - A Journey".

Symptoms est donc à prendre comme une expérimentation pour Maladie sur ses propres bases musicales, et un voyage, forcément. Avec mêmes quelques caractéristiques propres au Black atmo allemand en définitive, ce qui n’était pas forcément évident à l’écoute de Still (un peu plus de Plague Within peut-être). Evaluer cette œuvre n’est pas forcément évident au bout, il est sûr qu’il faut en avoir dans le pantalon pour tenir sur 42 minutes, et Déhà l’avait déjà prouvé avec We All Die (Laughing) par ailleurs. La seule recommandation que j’aurai à faire, c’est d’écouter, et voir si on se laisse prendre au jeu. Symptoms étant le genre d’œuvre qui peut captiver ou totalement laisser sur le carreau. Pour ma part, je reconnais sans mal les qualités de cet EP, qui a quelques petites redondances et répétitions qui le rendent peut-être moins riche et moins inspiré que prévu, mais qui réussit son office, même si j’ai déjà vu des œuvres plus prenantes dans un genre similaire. Je dois surtout dire que j’ai préféré Still, plus couillu et plus barré quelque part, et aussi plus varié notamment au niveau des voix. Symptoms est à prendre comme une expérimentation, surtout qu’il est présenté comme un EP alors que sa durée aurait à l’aise pu en faire un full-length. Si vous ne connaissiez pas Maladie, je vous conseille de vous pencher d’abord sur Still pour découvrir leur univers sous un jour plus abordable (tout est relatif), mais Symptoms est à tenter pour une expérience différente,  plus éthérée et introspective, du « Plague Metal » de Maladie.

 

Tracklist de Symptoms :

1. Divinitas - A Journey (41:34)