Chronique Retour

Album

13 novembre 2016 - Di Sab

Cough

Still They Pray

LabelReleapse Records
styleDoom Metal
formatAlbum
paysUSA
sortiejuin 2016
La note de
Di Sab
7.5/10


Di Sab

Au commencement était le VerbeBlack Sabbath. Si j’énonce cette énorme banalité, c’est d’une part pour faire le mec cultivé en citant la Genèse et surtout parce qu’au sein des 5 (le chiffre fait toujours débat entre 4, 5 et 6) premiers albums se trouve deux mouvements distincts, opposés mais complémentaires qu’il me semble intéressant de commenter pour chroniquer le dernier Cough.

D’une part, le Sabbath ascendant, béat, celui à l’esthétique cosmique qu’on retrouve autant dans Planet Caravan que dans Spiral Architect. Cette combinaison de riffing lourds et de bons trips s’incarnera dans la figure d’Al Cisernos, dans ses groupes et dans tous les Elder, les Windhand et les Acid King pour ne citer qu’eux. De l’autre, le Sabbath résigné, le sombre, le hagard, celui d’Electric Funeral, de Snowblind, de Children of the Grave et du titre éponyme. Forcément, cet aspect du quatuor de Birmingham sera développé, notamment par Electric Wizard et sa tête pensante Jus Osborn et par le groupe qui nous intéresse aujourd’hui. De la même manière que dans le monde du Stoner Doom, Electric Wizard peut être perçu comme une sorte de jumeau maléfique de Sleep, Cough est le doppelgänger de Windhand (les deux groupes ayant un split et Chandler Parker à la basse en commun en plus d’être signés sur le même label). Là où les caressants vocaux de Dorthia Cottrell apportaient une touche de douceur voire d’espoir à l’auditeur, chez Cough, « le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle », en atteste d’emblée cet artwork abstrait qui rappelle Pornography de The Cure. Cette atmosphère pesante, sera d’ailleurs le fil rouge de Still they Pray et donnera à l’album sa cohérence.  

Si vous êtes familiers avec la scène Doom, vous savez à quel point la plupart des groupes sont frileux en ce qui concerne l’expérimentation et restent fidèles à leur son, une fois celui-ci trouvé. Still They Pray est donc le prolongement logique de l’immense Ritual Abuse (un des tout  meilleurs albums de Doom du XXIème siècle), néanmoins on y trouve quelques différences fort bienvenues. Pour résumer et de manière assez ironique, l’élève Cough a égalé voire dépassé le maître Electric Wizard sur cet album alors qu’il est produit par… Jus Osborn. Là où Ritual Abuse tendait vers un Doom/Sludge qui évoquait autant Eyehategod (les larsens ou en appelant un titre A Year of Suffering) que Salome (voix hurlée et pistes de 10 minutes), Still they Pray à tendance à se réaligner sur un Stoner/Doom plus classique : le titre d’ouverture Haunters of the Dark est un exemple extrêmement adéquat tant il regroupe tous les poncifs du genre : du traditionnel sample d’intro jusqu’au refrain imparable en passant par le solo dégorgeant du fuzz par tous les pores.

Et globalement c’est cette ouverture qu’on retiendra de Still they Pray. Tandis que Ritual Abuse était un pilonnage en règle, Still they Pray se fait moins heavy, moins « extrême », peut être, si tant est que ce mot ait une définition arrêtée, mais les ambiances y sont mieux développées. Le chant clair de Cisco prend de l’importance dans ce nouvel album et contrebalance bien les hurlements de Chandler ce qui permet à l’album entier de gagner en homogénéité. A cela s’ajoutent de discrètes touches de synthé (The Wounding Hours), des pistes plus lancinantes (Let it Bleed) et surtout la balade de clôture Still they pray dont l’ambiance suffocante et mortifère s’inscrit dans la même veine que les morceaux acoustiques d’Acid Bath.

Moins brutal que son prédécesseur mais plus prenant, Cough a sorti un album de très bonne facture. Leur capacité à instaurer ces ambiances glauques, très « bad trip », permet au groupe de Richmond de se distinguer de la myriade de groupes un peu nuls qui infeste la scène actuelle.  

 

Tracklist :

1. Haunters of the Dark
2. Possession
3. Dead Among Roses
4. Master of Tortures
5. Let it Bleed
6. Shadows of the Torturer
7. The Wounding Hours
8. Still They Pray