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dimanche 23 octobre 2016

Behemoth @ Toulouse

Bikini - Toulouse

Shawn

Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.

Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas. Alors que le black metal se fait relativement rare sur Toulouse, voilà qu’en deux semaines, rien de moins que 3 tournées posent leurs valises en terre occitanes. En effet, pour remonter à la dernière grosse date de black metal, il faut aller chercher Marduk à la Dynamo début 2015. Et après presque un an et demi de vache maigre, voilà débarquer Behemoth le 23 octobre, Enslaved le 2 novembre et Inquisition le 4 novembre. Est-ce le temps propice aux frimas qui attire donc ces groupes ? Allez savoir ! Ce soir donc, Behemoth se produit devant un bikini quasiment plein, avec rien de moins que Secrets Of The Moon et Mgła. Une longue file d’attente commence déjà à se former alors que les premiers spectateurs entrent dans le Bikini pour y découvrir un stand merch très (trop ?) fourni : il y en aura pour tous les gouts, du tee-shirt aux rééditions des premiers vinyles de Behemoth. Pas l’temps de niaiser que Secrets of The Moon entre en scène.

SECRETS OF THE MOON

Il n’y a pas à dire, Secrets of the Moon est un groupe qui a beaucoup évolué avec les années. Leur son, directement impacté à clairement changé pour donner au groupe un visage loin de leur black metal originel. En effet, la formation allemande a depuis 2 albums pris la direction de sonorités clairement plus ambiancées, voire clairement oniriques. Bien moins de chant torturé, et beaucoup plus de voix claire, leur black metal semble s’être assagit avec les années pour désormais se présenter sous un jour gothic-black metal langoureux. C’est un parti prit que de choisir ce groupe en guise d’ouverture et le risque était grand. Si certains semblent avoir apprécié cette entrée en matière plutôt calme, de notre l’ambiance se fait pensante. Mon téléphone a sonné en plein milieu du set :

-« Oui, allo ? Ici l’originalité. J’aurais un peu de retard. J’arriverais juste à temps pour Mgła. Bisous »

Fatalement, quand on vient pour voir Mgła et Behemoth, on s’attend à ce que la première partie commence à envoyer des p’tites buchettes pour te préparer au deux rafales suivantes.  Malheureusement, le parti est logiquement pris de tourner la setlist vers le dernier album du groupe, Sun, sorti en décembre 2015. Une setlist toute en nuance, mais manquant cruellement de ce côté « rentre dedans » qu’on aurait voulu. Si sur un Triptykon, la formule marche, c’est aussi lié au charisme de Tom G Warrior ; un charisme qu’évidement, Philipp Jonas, chanteur/guitariste de Secrets of the Moon, n’a pas. Pourtant, au-delà de l’approche purement musicale et sonore, l’intérêt du groupe résidait probablement plus au niveau de son line-up. En effet, quelques personnages à noter : Erebor à la batterie (également batteur de Thulcandra et anciennement frappeur de Nargaroth) ou encore le bassiste session Victor Bullok, membre de Dark Fortress et de Triptykon rien que ça ! Pourtant, malgré un line-up prometteur, scéniquement il ne semble rien se passer et le set de Secrets of The Moon semble s’éterniser. Quitte à choisir un groupe qui se veut ritualiste, on aurait clairement préféré Batushka ou Cult of Fire. A oublier.

Setlist Secret of the Moon:
Hole
Dirty Black
Seven Bells
Ghost
Here Lies the Sun
Man Behind the Sun
Lucifer Speaks

 

MGLA

Après un détour sinueux et laborieux par l’Allemagne, place maintenant à ce que la Pologne fait de mieux en termes de black metal : Mgła. Autant rectifier les choses d’office : ça se prononce « mgwa ». Pas « aime-gé-elle-ah », pas « meugla » ou « mmmgla ». Le groupe avait, plus tot dans l’année, donné une prestation honnête au Hellfest, dont l’unique reproche avait été l’heure de passage. En effet, un groupe aussi porté dans la noirceur, à 18h en plein été, on y perd le côté distant et froid. Heureusement, ce soir, les polonais ont été magistraux sur ce point ! En effet Mgła est de ces groupes qui ont atteint un tel niveau d’excellence et de rigueur sur scène que ce fut encore une fois un concert grandiose.  Si le son a été parfois capricieux et les lumières souvent approximatives,  tout l’intérêt de leur prestation réside dans leur prestance : 4 mecs cagoulés aussi mobile que volubile (c’est-à-dire pas du tout). Une distance avec le public qui créé cette ambiance négative, clairement nihiliste, s’interdisant de facto toute communication avec l’audience. Il en résulte une neutralité certaine, notamment au niveau des émotions dégagées : tout étant ainsi concentré dans la musique du groupe (merci les cagoules). Au niveau de la setlist, on est majoritairement guidé vers Exercices In Futility, dernier opus en date. Pour autant,  With Hearts Toward None, l’album considéré comme pierre angulaire de la formation, n’est pas oublié avec deux titres. Mgła continue donc avec brio son chemin sur les terres misanthropiques de la noirceur. Plus que jamais, le groupe se révèle !

Setlist Mgla :
Further Down the Nest I
Exercises in Futility I
Mdłości I
With Hearts Toward None I
Exercises in Futility II
Groza III
With Hearts Toward None VII
Exercises in Futility VI

 

BEHEMOTH

Continuons en terres polonaises avec les maitres de la soirée: Behemoth. Je suis encore l’un des premiers étonnés de l’ampleur qu’a pu prendre le groupe au détriment d’une quantité d’autres groupes du même genre resté dans la catégorie des seconds couteaux (au hasard Hate ou Vader). Pourtant, il est évident que le groupe a muri tant sur album (production parfaite) que sur scène avec des lives de plus en plus ambitieux. Et même encore lors du Motocultor 2014, alors que le groupe n’avait pas pu jouer en conditions optimales (la faute à une compagnie aérienne ayant mal aiguillé leurs décors de scène, leurs instruments et leurs costumes), on avait pu constater que même sans artifices, les polonais restaient au niveau.

Pour autant on s’est vite rendu compte lors de Blow Your Trumpets Gabriel que leur show est parfois trop millimétré, comme c’est le cas avec de plus en plus de groupes. Moins de spontanéité, mais une efficacité qui elle ne varie pas. Le groupe n’a pas prévu de faire dans la figuration et occupe tout l’espace à l’image d’Orion, massif bassiste qui capte facilement l’attention du public de par sa carrure. Bon point pour Behemoth, le choix est fait de jouer l’intégralité de The Satanist, et dans l’ordre ! Même si l’album est décrié pour un léger changement de style (plus basé sur les ambiances, et légèrement moins percutant), c’est le genre d’initiative qui fait plaisir.

Du côté de la mise en scène, le light show est incontestablement monstrueux. Toute la puissance de feu du Bikini est mise à contribution, à grand renfort de jet de fumée. On s’imagine facilement qu’en configuration open air sur les festivals, un peu de pyrotechnie aurait été de bon aloi. Nergal, dont on rappellera le statut de jury dans The Voice Poland, nous gratifiera de quelques clowneries habituels du black metal comme l’utilisation de l’encensoir, ou encore des masques à cornes. Ces petits passages, même s’ils sont d’un bel effet visuel sont en revanche totalement dispensable tant leur musique se suffit à elle-même.

Coté setlist, une fois passé la totalité de The Satanist, le groupe rebranche sur les titres plus anciens, et sur ce qui se fait de sûrement plus efficace : Conquer All ou Slave Shall Serve notamment, redoutable pour les cervicales, et ayant fait de gros dégâts dans le pit. Pas de fausse note, mais plus le concert se déroule, plus le manque de spontanéité se fait flagrante. On se rend compte que Behemoth a fait des choix, notamment celui de tendre vers un avenir de machine à spectacle, plutôt que vers le statut de groupe. Le choix aussi de jouer en live et en intégralité un album clairement le plus intimiste de leur discographie et pas forcément taillé pour le live. Ces choix, aussi discutables puissent-il être n’empêche pas Behemoth d’offrir à son public un show de haut vol et d’une qualité exemplaire. 

Setlist Behemoth :
Blow Your Trumpets Gabriel
Furor Divinus
Messe Noire
Ora Pro Nobis Lucifer
Amen
The Satanist
Ben Sahar
In the Absence ov Light
Ojcze Nasz
Ov Fire and the Void
Conquer All
Pure Evil and Hate
At the Left Hand ov God
Slaves Shall Serve
Chant for Eschaton 2000

CONCLU
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