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Album

22 septembre 2016 - Nostalmaniac

Cauchemar

Chapelle Ardente

LabelNuclear War Now! Productions
styleHeavy/Doom Metal
formatAlbum
paysCanada
sortiejuin 2016
La note de
Nostalmaniac
8.5/10


Nostalmaniac

Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)

Etre metalmaniac n’est pas de tout repos surtout quand on s’investit autant dans sa scène locale et nationale. Ce n’est pas Annick Giroux, frontwoman de Cauchemar aux mille activités, qui dira le contraire ! Trois ans sont passés depuis « Tenebrario », un premier album solide et envoûtant qui laissait entrevoir un bel avenir au quatuor de Montréal. Si la patience est une clé (en cuisine comme en musique), « Chapelle Ardente » vient donc à point nommé.

Quelques coups de cloche retentissent et une ambiance brumeuse et funeste s’installe pour l’auditeur … “C’est l’heure du rituel” comme l’annonce le premier titre de ce nouveau méfait “Nécromancie”. Si j’avais beaucoup apprécié « Tenebrario » je mettais toutefois un bémol pour la production un peu trop distante à mon goût. Un défaut heureusement corrigé qui permet de mettre en valeur le Heavy/Doom ensorcelant de la bande à Annick. En premier, les riffs de François Patry qui trahissent toujours un amour invétéré pour les vieux Black Sabbath (bien sûr), The ObsessedTrouble mais aussi Blue Öyster Cult. Quant à Annick elle fait toujours figure de prêtresse avec ses lignes de chant mélancoliques ou plus exaltées (le bien senti “let’s go” dans “Funérailles célestes”). Dans cette « Chapelle Ardente », on retrouve des morceaux plus profonds et d’autres plus directs comme “Sepolta viva” (déjà révélé en live depuis quelques années), “Main de gloire” et “L’oiseau de feu”. Le très funeste “Voyage au bout de la nuit” avec l’apparition remarquée de l’orgue qui réussit parfaitement à donner plus de profondeur à l’ambiance maussade et ténébreuse du morceau (surtout quand on sait qu’il s’agit d’un véritable orgue datant de 1880). Orgue qu'on retrouve également dans le très bon "Funérailles célestes" de manière plus vaporeuse. Il y a en tout cas quelque chose de vraiment authentique qui transpire de cet album, tout comme dans l’évocateur “Etoile d’argent”. Un titre qui parle du voyage de l’âme et dédié à la mémoire de Terry Jones, vocaliste historique de la formation anglaise Pagan Altar.  Une autre influence prégnante dans Cauchemar. Sûrement un des meilleurs morceaux de l’album où l’utilisation de l’orgue est encore vraiment judicieuse et s’associe parfaitement aux autres instruments pour un résultat captivant. On a alors le parfait équilibre entre Doom et Heavy Metal. 

Les riffs (au feeling très Sabbathien) de "La vallée des Rois" sont hypnotiques, renforcés par ces sons de triangle qui apparaissent à la moitié du morceau offrant une touche un peu plus mystique.
Alors que le début acoustique de “La nuit des âmes” pouvait faire croire à une conclusion similaire à « Tenebrario ». Il n’en n’est rien. Cauchemar ne s’est pas détourné de ses fondamentaux mais développe et prend plus de soin à poser une atmosphère, quelque chose qui transporte l’auditeur dans ... un autre monde. Un morceau varié qui alterne riffing lourd et passages plus lents avec ces paroles captivantes (et ce délicieux accent québécois). Sublime !

“Emmène-moi dans ton monde de lumières et d’ombres
Emmène-moi dans ton monde car ma nuit est longue
Emmène-moi dans ton monde, la porte est ouverte
Emmène moi dans ton monde, ce soir je suis prête”

S’il y a eu profusion de projets Doom/psyché à chanteuse ces dernières années, Cauchemar n’est pas à mettre dans le même wagon. Non, comme je le répète il y a vraiment quelque chose d’authentique derrière tout ça. Que ce soit dans le choix de la production ni trop vintage, ni trop moderne ou simplement d’utiliser un véritable orgue et non un sample. On notera par ailleurs qu’il s’agit de la première réalisation avec le batteur Xavier Berthiaume (Gevurah) qui remplace Patrick Pageau. Un nouveau batteur au jeu intéressant. Autre point fort, la basse (toujours tenue par Andres Arango) est beaucoup plus audible dans cet album.

Ce rituel de quarante minutes est une réussite qui gomme les imperfections de son prédécesseur. Plus cohérent, plus riche et surtout plus accrocheur. Cauchemar a réussi à gravir un échelon et a surtout tiré son épingle du jeu. Ce n'est pas un album Doom typique ou un album Heavy vintage typique. On ne le dira jamais assez mais ce qui fera toujours la différence, c’est la passion qui peut s'exprimer et se ressentir (il ne suffit pas de remplir un cahier des charges à coups de gimmicks). Cette passion n'est pas un leurre chez eux et si vous en doutez, ils viendront hanter nos contrées à partir de novembre avec pas moins de sept dates un peu partout. Cauchemar maudit Cauchmar ! 

Tracklist:

1. Nécromancie
2. Sepolta viva
3. Funérailles célestes
4. Main de gloire
5. Voyage au bout de la nuit
6. La vallée des rois
7. L'oiseau de feu
8. Étoile d'argent
9. La nuit des âmes