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mardi 19 avril 2016

Deströyer 666 - Bölzer @ Divan du Monde

Divan du Monde - Paris

Gazag

En voilà une affiche atypique. Déjà, il y a Deströyer 666 qui revient aux affaires en headliner, venu défendre le dernier bambin Wildfire, Defiance étant tout même âgé de 7 ans maintenant. Ensuite vient Bölzer, le groupe sans LP qui a généré une grosse hype l’année dernière, quoi qu’on en dise ; Et enfin nous avons Trepaneringsritualen, un one-man band où le gus tient une scène juste avec son chant. Quand on sait que ces trois groupes officient dans des registres différents, ça rend l’affiche surprenante, donc. Direction le Divan du monde pour une soirée à multiples facettes.

TREPANERINGSRITUALEN

Difficile de remplir une fosse Parisienne à 19h. Trepaneringsritualen le constate malheureusement : la salle est clairsemée à l’arrivée du pendu sur scène. Monsieur Th. Tot porte une veste, un T-shirt et un jean. Jusqu’ici rien d’anormal. En revanche, l’animal s’est fourré un sac à patate sur la tête, qu’il a refermé par un noeud coulant : la condition du pendu. On a ainsi en face de nous un homme mort.

Sur le côté droit de la scène est installé un autel improvisé, avec des bougies, un crâne qui va bien et de l’encens pour la fumée. Sur le côté gauche, une dalle composée de matériel électronique permet au sieur de diffuser sa musique. L’ambiance lugubre et morbide est plutôt bien rendue, l’effet mystérieux est là. Le gars pousse des cris plus qu’il ne chante ; en milieu de set il fait tomber le sac et continue de snober un public pas assez respectable à son goût : l’ambiance fonctionne. On appuie sur play, et c’est là que ça coince.

Les riffs sont lents et lourds, la voix s’efface lentement en écho. Les samples appuient les guitares. Non, ce sont vraiment les beats électroniques qui viennent gâcher la fête. Tantôt graves pour travestir une China, tantôt aigus pour tenter de mettre mal à l’aise, il ne font que desservir la musique et nous retiennent au sol alors qu’on est à deux doigts de se laisser transporter. Après, il est vrai qu’avec un fort background Death, le rythme des compos n’a pas aidé votre serviteur à se laisser bercer par la tambouille de Trepaneringsritualen.

La fosse non plus n’a pas l’air de vraiment s’emballer. De timides applaudissements entre les morceaux : c’est tout ce que Trepaneringsritualen récoltera ce soir. Vraiment dommage, car le gars a vraiment son univers. Il semble néanmoins être trop artificiel pour ce qu’on attend de cette soirée.

Deathward, To The Womb
A Black Egg
The 7th Man
All Hail the Black Flame
Papist Pretender
Konung krönt i blod
Veil the World
Judas Goat
He Who The Mirror

BOLZER

La grande question concernant Bölzer était de savoir si le son allait être bon ou non. Des deux trois papiers que l’on peut trouver de ci, de là sur les prestations live des Suisses, la qualité sonore est parfois approximative, et ne permet pas de s’imprégner de la mythologie véhiculée par la musique.

Le groupe installe son matos. KzR est entouré par l’intégralité des amplis-retours disponibles. De  l’encens est allumé, histoire que les premiers rangs collés à la scène depuis deux heures fassent une overdose. Le noir se fait, Zeus est envoyée. Le son, en plus d’être fort, est bien moisi. Les riffs que Bölzer distille sont parfois assez denses et saturés, on peut donc s’attendre en live à un traitement un peu plus brouillon que sur skeud. Mais là, pour un mec qui découvre le groupe, c’est la purge. Il faut battre en retraite, mettre de la distance entre les esgourdes et les enceintes. Le set s’égrenant, la qualité augmente, sans pouvoir totalement rattraper l’affaire.

Là, voilà, on est mieux placé. Coronal Mass Ejaculation arrive et la magie opère. La batterie est mortelle. Les impacts sur les toms (encore plus sur le tom basse) sont super violents. Quand le drum-kit part avant la guitare, c’est la mandale assurée. Ca correspond parfaitement aux intentions. On peut alors se demander pourquoi ça n’a pas été retenu ou même abordé dans les productions du groupe. Egalement, on a un KzR bien en voix. Même si le mass écho a ses limites, il n’y a pas grand chose à redire. Grâce au micro fiché au dessus de sa tête, on l’imagine parler à un autre plan.

La fosse, statique, remercie chaleureusement le groupe à chaque fin de compo, preuve qu’elle arrive à voyager elle aussi. Entranced By The Wolfshook et son riff principal font toujours un petit effet. Coronal Mass Ejaculation se démarque également par son pont qui compense l’attraction terrestre. Ainsi, l’EP Aura s’élève au dessus de la disco de Bölzer en terme de restitution live. On a aussi le droit à deux nouveaux morceaux : Archer et Chlorophyllia. Ils n’ont pas à rougir, mais pour une première écoute, les conditions (sonores) n’étaient pas réunies pour en apprécier toutes les subtilités. Ha, et puis il y a eu la tordue et cabossée Steppes, qui nous a laissé comme ça (comment ?).

Avec un HzR occupé à matraquer ses fûts dans l’obscurité durant tout le concert, KzR est seul maître des planches. Il n’a aucun mal à tenir la scène, même avec une communication zéro ; son charisme suffit. Les lights en revanche sont une vraie plaie. Parfois ils sont complètement décalés avec ce qu’il se joue. Et le pire, c’est le stroboscope. Les premiers rangs espéraient qu’il disparaîsse après Trepaneringsritualen, c’était peine perdue. Alors oui ça donne parfois de jolis effets, mais quand on se tape des flashs pendant 45 minutes, plus la demi-heure de Trepaneringsritualen juste avant, bah la rétine prend cher.

The Great Unifier s’achève et Bölzer s’en va comme un voleur. Pas un merci, ni rien. Ok faut tenir son personnage jusqu’au bout, mais au moins dites que vous partez. Un signe de main aurait suffit. Allez c’est pas grave va, on a quand même pas mal voyagé, et c’est bien ça le principal.

Zeus - Seducer of Hearts
Coronal Mass Ejaculation
Steppes
Archer
Entranced by the Wolfshook
Chlorophyllia
The Great Unifier

DESTROYER 666

L’orga nous laisse une bonne demi-heure pour changer de contexte. On dresse le rideau de fond de scène. On place les pancartes de chaque côté des amplis. Enfin, on installe les pieds de micros, tous fait d’une véritable chaîne, tendue vers le plafond. Les gros chaînons de métal sont fixés par des soudures grossières, permettant de figer la chaîne bien droite, un micro culminant en haut de l’installation. Ils ont mis le paquet sur la scénographie. La bande à Warslut s’accapare la scène, toujours vêtue de clous, de pics et de cuir noir. Provocateurs.

Précédemment vus au Hellfest sous une énorme tente, avec un son exécrable, puis au Fall Of Summer, avec un son correct, la règle voudrait que plus la jauge est faible, plus le son est bon. Ca nous réconcilierait avec le groupe, car les a priori sont là. Le public est prêt à recevoir Deströyer 666. Les adeptes du moshpit sont alertes. Top départ avec Wildfire

Comme prévu, la fosse par direct en sucette, pour un pit bien hargneux dès le début du concert. Traitor vient nous cueillir juste après, toujours tiré du dernier album sorti en début d’année : Wildfire. Avec Live and Burn et Hounds at Ya Back, on arrive à quatre titres dès la première moitié du set, fortement axée Thrash. Ca permet certes de mitrailler sec d’entrée de jeu, mais sur la durée, on se demande où est passée la partie Black du son des Australiens. A croire que le duo A Breed Apart / I Am the Wargod est juste là pour rassurer.

Le son est trop fort. Comme pour Bölzer précédemment, le meilleur emplacement est au fond de la salle pour éviter la plaie. Son trop fort certes, mais son clair quand même. On arrive en effet à distinguer tous les instruments alors que la disto des engins est réglée à 11. Warslut et ses sbires montent en puissance en seconde moitié de set. On met de côté Wildfire et on égrène Cold Steel. Sons of Perdition, Black City - Black Fire, mais surtout The Calling sont plus agressiveset rappellent le meilleur de la formule de Deströyer 666 (pas de Savage Pitch ?). Le pit quant à lui reste toujours aussi chaud.

Sur les planches, c’est l’animation. Entre les zikos bien excités aux extrémités de la scène et le père Warslut les pecs à l’air ; tantôt vociférant dans le micro, tantôt se déplaçant à droite et à gauche pour faire les gros yeux au public, le groupe est énergique et communique juste ce qu’il faut. A l’exception d’un Iron Fist fédérateur permettant au pit de souffler, le rythme est soutenu. Pas le temps pour la parlotte. Tout en puissance, on va direct à l’essentiel.

En fin de set, c’est l’heure du bilan : on a les yeux cramés. Bah oui ! Ils ont laissé le stroboscope, il marche tellement bien. Sauf que là on a atteint un niveau d’inutilité record : ça flash à coup sûr à côté du riff joué. Il va réussir à faire vomir la salle, l’animal. Le concert se termine, donc, avec un Trialed by Fire tellement légitime en fin de set. Le public en redemande. En faux-rappel, on a le droit à un excellent Lone Wolf Winter, histoire faire bouillir le pit une dernière fois. 

Deströyer 666 signe ce soir sa meilleure prestation. Les défauts des précédents shows ont été gommés. On se revoit quand vous voulez. Un merci à Trepaneringsritualen, un gros merci à Bölzer, et enfin merci à Gramonbozia pour cette date atypique.

Wildfire
Traitor
A Breed Apart
I Am the Wargod
Live and Burn
Hounds at Ya Back
Sons of Perdition
The Calling
Satanic Speed Metal
Iron Fist (Motörhead)
Black City - Black Fire
Trialed by Fire

Lone Wolf Winter

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