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Album

12 février 2016 - Lactance

Lost Society

Braindead

LabelNuclear Blast
styleThrash Metal / Heavy Metal
formatAlbum
paysFinlande
sortiefévrier 2016
La note de
Lactance
4.5/10


Lactance

Du Thrash finlandais sorti de nulle part et qui rafle tout en mode one shot avec un premier opus signé, cerise sur le gâteau, chez Nuclear Blast. Mmmh l'histoire commençait vraiment trop bien... Malheureusement c'est de plus en plus monnaie courante de voir nos formations revival se croûter au pied levé une fois le troisième ou quatrième album dans les starting-blocks. Et à vrai dire je parle pas forcément que de Thrash parce qu'en matière de Heavy et de Doom, il y a pas trop de quoi faire les malins non plus. Non non.

Et comme vous vous en doutez certainement Braindead rentre typiquement dans ce cas de figure. En même temps il faut bien préciser les choses car il s'agit tout de même là de la troisième galette de Lost Society. En l'espace de trois ans. Ce qui mine de rien s'avère encore plus casse-gueule sur le papier, surtout pour un groupe de revival dont la mission essentielle (et implicite) reste de balancer un minimum la sauce, en usant pour cela de morceaux suffisamment consistants et travaillés pour coller aux canons du genre. Ça reste en tout cas le minimum syndical si j'ose dire.

Mais à ne pas s'y méprendre nos Finlandais ne prennent justement pas trop le parti de se reposer sur leurs lauriers avec la sortie de ce troisième opus. Ce qui d'une certaine manière reste assez louable. D'une certaine manière. Parce qu'une fois le bouton play pressé, ça reste une autre paire de manche.

Et là je me dois d'aborder directement le début de l'album et son mélange hybride coincé quelque part entre du Thrash et du Heavy un peu trop kawai. Un truc suffisamment indigeste en tout pour me laisser une première impression vraiment mauvaise pour le coup qui, malheureusement, n'évoluera pas au fil des écoutes. Je pense en particulier à Riot, tout un programme dit comme ça, mais qui en réalité est bien plus là pour nous caillasser les oreilles que du gros CRS vilain pas beau. Surtout sur ses phases refrains où le taux de fragilité culmine à un point...

Du coup on pourrait se rassurer en se disant que les ¾ restants s'imposent comme une version plus trad' de Lost Society. Enfin si tant est qu'on ait le droit de dire ça vu que le benjamin du groupe vient tout juste de souffler ses 20 bougies... Sauf qu'en fait pas trop, parce que bien qu'on reste sur une base Thrash, nos Finlandais ne sont plus trop forcément dans le même délire qu'auparavant, hashtag « on joue à fond la caisse et on voit ce que ça donne ». Il y a en réalité ce côté pro, hyper propre et ma foi légèrement pompeux qui m'a vachement embêté tout le long parce que, fondamentalement, ça atténue pas mal la puissance de frappe de Lost Society.Qui du même coup paraît drôlement mou sur ce nouvel opus, même sur les passages censés tout donner.

Et dieu que c'est frustrant quand on repense au premier album qui avait justement un côté fun et rafraîchissant, un peu lourdingue pour certains je veux bien le croire, mais qui restait d'une efficacité à toute épreuve pour peu que l'on ait été dressé au Thrash new-school à la Gama Bomb ou à la Municipal Waste.

Du même coup, même si la devanture semble hyper soignée – merci Nuclear Blast pour la prod' – en vrai on se tape un peu une version low cost des deux précédents opus alors qu'on nous promettait du lourd. En réalité aucun passage ne se démarque vraiment pour ainsi dire de ce nouvel opus qui, à peu de choses près, cumule surtout pleins de riffs ennuyeux et plein de passages tout-trouvés, fades au possible. Un peu comme la pochette d'ailleurs qui n'aurait pas trop dû s'inspirer d'Inked In Blood, ne serait-ce que par bon goût.

Ce qui est d'autant plus irritant en fin de compte quand on superpose la voix de Samy Elbanna qui a de nouveau décidé, comme sur Terror Hungry, de nous faire grincer des dents avec sa voix braillante à la Alexi Laiho qui va même jusqu'à me pourrir la fin d'Only (My) Death Is Certain, pourtant bien négociée niveau instru sniff. A la rigueur, s'il ne fallait retenir qu'un seul titre, je pourrais conseiller Rage Me Up dont certains passages m'ont semblés tout de même assez convaincants dans le genre Thrash burné, je vais pas faire le malhonnête, même si ça m'a pas procuré non plus un orgasme sonore. Surtout que dès le milieu du morceau on retrouve nos fameux passages rafistolés à la va-vite dont je parlais. Et ce jusqu'à l'ultime auto-cover – oui oui auto-cover – qui est peut-être censée me faire sourire, lol, mais que je trouve légèrement déplacée vu ce qu'on nous a mijoté juste avant (pour ne pas dire complètement useless).

Voilà, pas forcément grand chose d'autre à évoquer si ce n'est qu'on obtient tout de même un skeud foutrement inégal malgré les grands airs que semble vouloir se donner notre jeune quatuor. Je suis pas totalement hermétique à toute forme d'évolution musicale, la preuve je chronique du Thrash, mais force est d'avouer que parfois vaut mieux prendre ses précautions dans ce qu'on produit. Et surtout prendre son temps entre les sorties pour éviter de se callofdutifier bon sang de bonsoir ! Parce qu'à ce train-là on aura peut-être plus à craindre du prochain disque de Lost Society que des résultats du premier tour en 2017.

Tracklist :

1.     I Am The Antidote         
2.     Riot     
3.     Mad Torture         
4.     Hollow Eyes         
5.     Rage Me Up     
6.     Hangover Activator         
7.     Only (My) Death Is Certain          
8.     P.S.T. 88     
9.     Terror Hungry (Californian Easy Listening Version)