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lundi 26 octobre 2015

Ensiferum + Drakwald + Cerevisia

Le 106 - Rouen

Paul

Rouennais depuis peu, c'est à l'occasion de cette soirée que je me rends pour la première fois à un concert Metal organisé dans la « ville aux cent clochers ». Il suffit de passer le pont et sur les quais de la rive gauche, de l'autre côté de la Seine, les lumières du 106 (la SMAC de Rouen) brillent comme celles d'un phare dans la nuit. Quel beau lieu ! L'espace d'accueil est démesurément vaste (avec vestiaire, bar immense, expo photo...) et tout est très pro au niveau de l'orga' (ce ne sont assurément pas les employés qui manquent). Le grand luxe pour un concert de Metal, quoi. Oubliez l'étroitesse, la mauvaise sonorisation et la crasse de la majorité des salles de concert associatif que vous fréquentez, nous sommes ici dans l'un des nombreux bastions de province du Ministère de la Culture. Et ma foi, c'est fort appréciable, même si c'est sûr que c'est pas hyper « rock n' roll » dans l'idée. Il y a même une baie vitrée qui donne sur un studio de radio où est interviewé Sami Hinkka, le bassiste de Ensiferum, et l'émission est retransmise en direct sur les enceintes de l'espace d'accueil, pour notre plus grand plaisir. On sirote donc tranquillement une première bière en écoutant l'animateur poser ses questions débiles. Ne manquent plus que les petits fours. Au bout d'un moment, des fréquences basses commencent à se faire entendre, au loin. Le premier groupe a commencé à jouer. Je tiens à préciser que ce qui se passe sur scène est également retransmis en direct sur les enceintes, avec un son nettement meilleur que dans la salle. Autant vous dire qu'on ne se presse pas plus que ça pour passer de l'autre côté de la porte d'un mètre cinquante d'épaisseur.

 

Cerevisia :

Bon, alors Cerevisia, c'est un jeune groupe français qui cristallise tout ce que les détracteurs du Folk Metal reprochent (à raison) à ce style (je renvoie le lecteur à l'article http://www.hornsup.fr/a-6470/articles/de-l-art-de-critiquer-le-folk-metal-sans-utiliser-le-mot-pouet-pouet pour plus de précisions sur ce sujet). Leurs compos – bien pompées sur celles de Ensiferum d'ailleurs – sont tellement génériques et faibles qu'elles frôlent l'insupportable. Leurs costumes en peau de bête et leur maquillage on ne peut moins originaux n'arrangent pas le tableau. On aimerait que le grand chanteur aux cheveux frisés ait le charisme d'un Zack de la Rocha, mais c'est loin d'être le cas. Sa façon de communiquer avec le public me met mal à l'aise. Je ne comprendrai jamais les groupes qui jouent les durs, les vrais bonhommes « Pagan » dans leur imagerie et dans leur concept sur leurs albums et leurs photos promo, mais qui se comportent sur scène comme des jeunes filles en fleurs qui se seraient par mégarde égarées dans la ville. Après, c'est vrai que ces gars-là n'ont sorti qu'un seul album auto-produit l'année dernière, donc bon, il leur reste du temps pour mûrir. Mais bordel, quand est-ce que la guerre, la souffrance et la mort sont devenus des thèmes prétextes à sautiller gaiement, à rigoler, à passer « un agréable moment entre amis » au son des hurlements ? Qu'est-il arrivé à la scène Pagan/Folk ? Comment a-t-elle pu oublier à ce point sa majesté d'autrefois ? Il serait temps de faire quelque chose. RAS

SETLIST :

Brace Yourself
Ancient Gods
Diviciacos
Summon the Nightbringer
Flight of the Crows
Heroic Charge
The Walker

 

Drakwald :

Bon, alors là il est clair qu'on monte en niveau. Sans être d'une grande originalité, les morceaux ne sont pas dénués d'intérêt et s'enchaînent avec naturel. Il faut dire que la présence de véritables instruments traditionnels, flûtes et cornemuse, par ailleurs très bien intégrés dans l'ensemble sonore par les techniciens (ce qui n'est pas toujours évident), y joue pour beaucoup. Avec Drakwald, finies les clowneries, le sérieux est heureusement de mise. Je découvre aussi ce groupe ce soir et suis agréablement surpris par le côté carré de sa prestation. En faisant des recherches sur internet par la suite, j'ai été étonné de constater à quel point les musiciens qui constituent cette formation sont jeunes. Lors du concert, leur sérieux m'a donné l'impression qu'ils avaient beaucoup d'expérience de la scène à revendre. C'est prometteur. J'écouterai avec plaisir leurs enregistrements.

SETLIST :

Let the Slaughter Begin
Diving in the Depth of Agony (Hopeless Survival Part.1)
Escape the Claws of Fate (Hopeless Survival Part.2)
When Beer’s Flowing
Giant with the Axe
Rebirth
Raise our Swords
Inhale the Ashes of Honor
Blood and Glory

 

Ensiferum :

Les voici, les voilà une nouvelle fois, nos beaux Finlandais qui règnent en maître depuis une dizaine d'années sur la scène Pagan/Folk épique, symphonique, héroïque et j'en passe. Après s'être faits désirer un tantinet trop longtemps, ils débarquent sur un « Axe of Judgment » dévastateur et « plient le game », comme disent les jeunes d'aujourd'hui, en trente secondes. Tout ceux qui les ont déjà vus en concert savent de quoi je parle : peu nombreux sont les groupes de Metal à dégager instantanément une telle énergie sur scène. Quelle force de frappe impressionnante ! Ce soir, le contenu de la setlist est évidemment centré sur les morceaux de leur dernier album en date, le controversé « One Man Army » (je renvoie le lecteur à ma chronique http://www.hornsup.fr/a-6857/chronique/ensiferum-9 ). Je remarque qu'ils ont conscience de la médiocrité de certains morceaux et qu'ils ne jouent par conséquent, à peu de choses près, que les plus intéressants (mais où est passé l'excellent morceau-titre ?). Comme j'ai déjà pu le constater au Hellfest l'été dernier, « Warrior Without a War » passe beaucoup mieux en live que sur album. La doublette laxative – et hélas pas si humoristique que ça « Two of Spades »/« Bamboleo », qui tombe à point nommé puisque je dois passer d'urgence aux WC, fait bien entendu office d'exception qui confirme la règle. À part ça, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, que du hit ! C'est pourquoi, plutôt que d'écrire un live-report que vous avez déjà lu mille et une fois, je vais v... Eh, mais attendez voir ! Halte là ! Si tous les live-reports en question se ressemblent, ne serait-ce pas parce que tous les concerts de Ensiferum se déroulent exactement de la même façon ? En effet, le problème avec ce groupe aujourd'hui, c'est que, comme me le fait observer mon père à la sortie du concert, il est « trop pro ». Où est passé l'esprit « another town another chase » qui rend le rock n' roll si authentique et attachant ? Chez Ensiferum, tout est millimétré. Chaque déplacement a été travaillé, le moindre froncement de sourcils a été minuté. Ce qui nous donne évidemment un concert parfait du point de vue de la forme, mais qui peut légitimement déranger vis-à-vis du fond. Je suis persuadé que nos amis nordiques donneraient un show en tout point identique à celui-ci même s'ils étaient conviés à divertir le Pape au Vatican. Alors, vous imaginez bien qu'en France, en Allemagne ou aux États-Unis, une représentation n'est à leurs yeux rien de plus qu'une simple formalité. Et c'est dommage. Ces dernières années, le groupe n'a donné qu'un seul bon concert, et ce même s'il l'a fait tous les soirs. Pourtant, c'est avec joie que le public continue à répondre à l'appel lorsque sonne le cor de guerre. Ta, ta-da-da, Ta, ta-da-da.

SETLIST :

March of War (Intro)
Axe of Judgement
Heathen Horde
One More Magic Potion
Warrior Without a War
From Afar
Token of Time
Battle Song
Lai Lai Hei
Burning Leaves
My Ancestors’ Blood
Two of Spades
Bamboleo (Gipsy Kings Cover)

Encore :
In my Sword I Trust
Twilight Tavern
Iron

Remerciements au 106 pour l'accréditation et à mon père pour m'avoir accompagné lors de cette belle soirée.