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lundi 23 novembre 2015

Forgotten Tomb + Nocturnal Depression + Adraste + Duwarhk

Le Midland - Lille

Schifeul

Dans l'équipe car il était là avant.

affiche Forgotten Tomb Lille

Dark Moon Brotherhood, jeune association de la région Nord Pas De Calais vient enjailler Lille en ce début du mois de novembre, car c'est Forgotten Tomb, un des pères du DSBM qui vient répandre une sale vibe, accompagné de Nocturnal Depression et de quelques groupes locaux.

AXHELL

Cela faisait vraiment une paye que je n’avais pas foutu les pieds au Midland ! À tel point que je ne peux pas m’empêcher de pouffer de rire lorsque mes yeux se posent sur un petit écriteau discret placardé sur la porte séparant le bar de son arrière-salle (où ont lieu les concerts) : « Mosh pit interdit sous peine d’exclusion ». Bim, ça a le mérite d’être clair au moins ! Rassurez-vous, les groupes qui jouent ce soir donnent envie de tout faire, sauf de s’adonner à une compétition d’air karaté, manquerait plus que ça.

Ce sont les locaux de Duwarhk qui ouvrent le bal. Après plusieurs années à voir leur logo affiché sur pléthore de flyers, ce n’est malgré tout que la première fois que j’ai affaire à eux. Autant être franc, j’ai un avis mitigé à leur sujet. Leur Black/Death est véloce, efficace, mais il manque selon moi un soupçon de personnalité supplémentaire, un grain de folie qui pourrait faire la différence. Les riffs typiquement BM font le taff même s’ils ne décollent jamais pour nous foutre en transe et de l’autre côté, les breaks et autres vocaux plus typés Death aplanissent considérablement le propos musical tenu, qui pour moi sera coincé le cul entre deux chaises. Mention spéciale pour cette machine de batteur, extrêmement rapide et technique, qui martyrisera ses fûts avec une maîtrise sans pareil, chapeau ! Bref, pas transcendé, mais je ne suis pas fermé de voir ce que le groupe peut proposer dans l’avenir, je surveillerai ça du coin de l’œil !

Le temps de boire quelques bibines à la cool et de papoter avec les collègues et autres arrivants/retardataires qu’il est déjà temps d’enchaîner avec le deuxième groupe de la soirée, Adraste.

J’avais déjà eu l’occasion de croiser cette horde guerrière lors d’un festival se déroulant à la péniche Igel Rock il y a un moment. Hélas, j’étais bien plus occupé à foutre des coups de tonfa, habillé en policier, sur les fesses d’un pote qui célébrait justement son anniversaire ce soir-là et avait choisi le lieu comme théâtre des festivités qu’à suivre le set du groupe. Ah, ce sens de la fête et du bizutage strictement nordiste...

Bref, je suis beaucoup plus concentré ce soir, et placé dans les premiers rangs quand Adraste prend place. Le groupe officie dans un style Pagan/Black, faisant la belle part aux ambiances oniriques, sophistiquées, enivrantes parfois, tout en sachant les rehausser de parties plus revanchardes et belliqueuses. La principale particularité du combo est sans aucun doute cette dualité vocale que la hurleuse/chanteuse arrive à instaurer, et elle s’en sort définitivement avec les honneurs : ses hurlements imposent le respect quand ses envolées un peu plus Folk savent sonner juste. Le seul « souci » est que le Pagan et moi, actuellement, ça fait 20 000. Si je sais encore m’écouter un bon Falkenbach de temps en temps, je ne suis absolument plus ce qu’il se fait aujourd’hui, que ce soit dans la scène mainstream comme dans l’Ug. J’écourte donc le set pour ne pas « saturer », malgré les qualités du groupe sur scène. À revoir si je reprends le train en marche dans l’avenir.…

SCHIFEUL

J’arrive sur les coups de 18h30 et rate donc la première partie. Du coup, ma soirée commence avec Adraste, qui joue avec un line-up totalement remanié depuis la dernière fois où j’ai pu voir le groupe. On a donc droit maintenant à N, (Verlies, Lunard Shrine) au poste de bassiste en remplacement de Lugus, mais surtout à la présence d'un second guitariste afin de renforcer les ambiances païennes. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, on a ici du pagan à la sauce gauloise dans la direct lignée de Belenos, mais avec un chant féminin ! Ce qui donne en gros que les hooohooohoooo sont remplacés par des haaahaaahaaa, pas de présence de trucs lyriques à la con ou autre. Adraste va donner un set très correct, mais pas le meilleur que j'aie pu voir du groupe, chose imputable au fait que ce nouveau line-up n'est pas encore totalement rodé.

Dans ma tête, Nocturnal Depression jouait, bah, du black dépressif. Du coup, je fus un poil déconcerté durant le début de leur set, le groupe proposant plutôt un black metal plus traditionnel. Mais cela n'enlève en rien la qualité des Grenoblois, menés par un chanteur guitariste impressionnant vocalement. D'ailleurs, au fur et mesure que le set avance, des morceaux plus émotionnels et tristes viendront assombrir leur set et emplir la salle d'une aura de nostalgie. Visuellement, outre les corpse paint de rigueur on a le droit à un petit plus visuel chez le chanteur dont je vais faire part parce qu’il est impossible de faire semblant de ne pas l’avoir vu. En effet, celui-ci doit souffrir d'une malformation à la main gauche qui donne, hormis l’impression de voir Nattramn s’agiter devant soi, au groupe une atmosphère qui colle parfaitement à leur art, donnant un impact visuel assez fort surtout au vu de la musique distillée par le groupe. De plus, on ne peut que saluer le monsieur, la pratique de la guitare devant demander un certain effort. Au final, je ressors complètement conquis du concert et pour moi Nocturnal Depression a donné le concert le plus intéressant de la soirée

AXHELL

Assister à une date comme celle de ce soir me met un coup de vieux tout ce qu’il y a de plus franc : effet, j’ai découvert Nocturnal Depression (comme Forgotten Tomb d’ailleurs, mais j’y reviendrai) courant 2005, quelque chose comme ça. J’avais écouté à l’époque quelques releases, ayant succombé aux charmes du DSBM, et avait trouvé cela plutôt bon. Par contre, comme l’a signalé mon collègue, leur travail de l’époque versait du coup dans l’écorché, le meurtri. Après l’écoute de quelques morceaux, perché sur un des canapés qui décorent le Midland, je me questionne un peu : est-ce que je confonds ce groupe avec un autre ? Les Nocturnal Depression que j’ai devant moi semblent pratiquer un Black Metal plus « traditionnel » que ce à quoi je m’attendais. Riffs véhéments, hargne palpable, compos tranchantes, communication avec le public à maintes reprises…. Il me faut attendre la moitié du set pour qu’une « vieille » compo fasse son apparition. Je retrouve ici ce côté atmosphérique, ces morceaux contemplatifs qui faisaient le sel de leurs anciens albums, et comme il m’est permis ici de donner mon avis, j’ajouterais que c’est véritablement cette facette du groupe que je préfère. Dans de meilleures conditions, c’est tout à fait le genre de concert qu’on peut se faire les yeux fermés, pour mieux se laisser happer par cette ambiance si particulière… Au final, dire que j’ai grandement apprécié serait mentir, vu que j’ai été pas mal désarçonné par l’orientation actuelle que semble prendre le groupe… Cela dit, j’ai pris plaisir à me replonger dans mon « passé musical » et, pour un groupe qui laisse (laissait ?) une large place à la nostalgie dans les thèmes lyriques de ses albums, j’ai envie de dire que le pari est relevé.


As Some Blades Penetrating My Flesh
L'Isolement
Acédie
Her Ghost Haunts These Walls
Spring
Méditation Grisâtre
(Unknown)
Nostalgia
Dead Children

Ahhhh Forgotten Tomb… Je n’arrive pas encore à croire, deux semaines plus tard, que je sois en train de rédiger un live report d’un de leurs concerts, ce qui revient fatalement à dire que je les ai enfin vus. Même me relire me fout des frissons. Sauf qu’en fait, tout ne s’est pas déroulé exactement comme prévu…Et il me semble indispensable de vous expliquer certaines choses pour que vous puissiez me comprendre.

Ma rencontre avec le groupe remonte bien à 2005 (comme Nocturnal Depression, en réalité). Je venais, grâce à Internet, passer sans distinction du Néo/Metalcore à quelque chose de beaucoup plus profond et sombre… En effet, une compile cd-r de mp3 que je m’étais gravée était devenue mon disque de chevet de tous les temps, et fut suivie de mes tout premiers achats Black Metal : le premier Burzum, les 3 premiers Darkthrone, etc… Je les écoutais jour et nuit, m’imprégnant chaque fois davantage de cette aura noire et malsaine. Je manquais certainement de recul à cette époque, j’étais jeune, et je prenais tout ce folklore pour argent comptant, m’abandonnant toujours un peu plus dans la hate facile et le repli. C’est dans cet état d’esprit que j’ai découvert Forgotten Tomb et ai pour la première fois écouté l’album « Songs To Leave ». De là, tout est parti en couille. Le groupe est vite devenu un de mes préférés. « Disheartenment » est la première chanson de « Metal extrême » dont j’ai appris les paroles par cœur. Beatrik, Silencer, Lifelover, Stalaggh, Sortsind, Nortt, Xasthur, Shining sont venus se rajouter à la liste de ces formations qui m’obsédaient… Imaginez le bordel quand un « gosse » tombe là-dessus. J’en venais à colorier des posters homemade de BM que j’avais punaisés dans ma chambre avec mon sang, que je récoltais en faisant joujou avec les lames de rasoir qui ornaient ces pochettes de skeuds que j’adorais.. Je dormais également parfois, planqué sous ma couverture, avec des sacs en plastique sur la tête que le réflexe de survie me faisait toujours arracher au final. Mon malaise était palpable. Les gens me rendaient dingue. J’étais un peu (beaucoup) paumé, pessimiste, déprimé en permanence. Demain était une notion assez vague, je m’en foutais, sincèrement.

Et puis, le temps a passé. Pas mal d’eau a coulé sous les ponts, comme on dit. Mon engouement inébranlable pour le BM a laissé la place à l’éclectisme. Les études se sont terminées, les copines se sont succédées, j’ai commencé à mettre mon nez dehors... J’ai grandi, aussi. J’ai relativisé pas mal de trucs. Aujourd’hui, j’ai un diplôme, un taff qui m’éclate, une caisse, des passions à tire-larigot, une petite amie géniale, et des potes excellents avec qui j’adore boire un coup….mais, devez-vous vous demander depuis au moins 20 lignes, pourquoi je vous raconte tout ça ?

Parce qu’en fait, je crois que les mecs de Forgotten Tomb, c’est pareil. Eux aussi, me semble-t-il, ont quitté ce délire. Ils ont grandi, « évolué », ont tourné la page. La vie a fait qu’ils se sont tournés vers autre chose. Il n’y a qu’à voir Herr Morbid sur scène. Gros dreads, casquette et tee shirt Eyehategod : il n’en a plus rien à foutre. Le bassiste lui, pose à gogo, et bonne humeur n’est, pour le coup, pas communicative. Plus le set se déroule, et plus je me rends compte que le groupe à changé, distillant maintenant une sorte de Stoner vaguement tristoune qui m’en fait virevolter une sans titiller l’autre. Les morceaux se suivent sans temps fort, et l’ennui s’installe. Comble de l’étonnement, ils joueront « Negative Megalomania », qui pour moi passe « encore », mais surtout leur fameux medley « Disheartenment/Alone ». Je dois être un des rares à scander les paroles dans la salle… Je ferme les yeux dire de maximiser mon ressenti…. Mais non, rien à faire, l’expérience n’est plus la même. C’est tout cassé, y a plus rien. C’est comme revenir avec tes vieux amis à l’endroit où tu avais construit ta « cabane secrète » étant gosse et te rendre compte que l’endroit a été rasé et qu’ils ont construit un centre commercial dessus. Tu sais que c’est « là », tes souvenirs sont titillés, mais c’est plus du tout pareil.

Le show se termine, je passe au stand de merch m’acheter deux vieux digipacks, je file me recommander une bibine, on mange une pizza et je me casse. Je ne sais pas encore bien si je suis content quand même d’avoir été là, d’avoir bouclé la boucle comme j’aime souvent le dire. Toujours pas en ce moment lorsque j’écris ces lignes, un peu plus de deux semaines après avoir enfin vu l’un des 5 groupes de mon adolescence. Il faut parfois laisser du temps au temps. Pour finir et en utilisant maladroitement les textes de l’excellente chanson « Alone », je dirais que concernant FT, je ne chercherai plus à savoir « où ils sont passés ». Aujourd’hui, je n’ai « plus besoin d’eux ».

SCHIFEUL

Vient au tour de Forgotten Tomb, j’avais déjà vu le groupe au Hellfest 2012, mais plus moyen de me rappeler ce que j’en avais pensé. Si c’était cool, naze ou encore si j’avais vu le set entier... C’est bien la peine de ne rien boire si c’est pour avoir la mémoire qui flanche ! Vieillir, ça craint.

Enfin bref, les Italiens sont très attendus ce soir, la date étant annoncé depuis longtemps comme unique date française avant qu’une deuxième se rajoute, mais à Chambéry et en décembre. Donc autant dire que géographiquement, on en a rien à cirer. Mais pour revenir au vif du sujet, qu'a donné ce concert au final ? Eh bien un truc assez moyen en fait. Déjà sur scène, on a droit à un Herr Morbid qui donne l'impression d'en avoir rien à péter (ou est complètement défracté) l'autre guitariste a le regard dans le vide, donnant par moments l'air de chercher quelque chose au fond. Le bassiste a l'air de prendre plaisir à jouer par contre, mais en fait des caisses jusqu'à taper des pauses façon Peter Steel. En somme, on a là un peu un groupe en roue libre.

Après tout n'est pas à jeter, les morceaux, piochés dans toute leur disco afin de présenter un peu chaque période, sont bons et on se laisse porter par leur mélancolie, mais je ne sais pas, il manque l'étincelle pour faire décoller le tout, et on a pas ici un set inoubliable. Ha bah, c'était peut-être ça, en fait !

Reject Existence
Soulless Upheaval
Negative Megalomania
Todestrieb
Hurt Yourself and the Ones You Love
Disheartenment / Alone / Steal My Corpse

Un grand merci à Dark Moon Brotherhood et à Jérémy Evrard pour les vidéos