Chronique Retour

Album

30 septembre 2015 - Paul

Blazon Stone

No Sign of Glory

LabelStormspell Records
styleHeavy/Power
formatAlbum
paysSuède
sortieseptembre 2015
La note de
Paul
4/10


Paul

On ne peut pas dire qu'il s'est fait attendre, celui-là ! Deux ans exactement après l'exceptionnel « Return to Port Royal » (cf. ma chronique ici), l'homme à tout faire Cederick Forsberg remet le couvert, accompagné au chant non plus par son compatriote suédois Erik Nordkvist, mais par le Bulgare Georgy Peichev (The Outer Limits, Mosh-Pit Justice). Fidèle à lui-même, Ced sort au même moment deux albums de plus avec ses autres projets Rocka Rollas et Breitenhold via le fameux label retro Stormspell Records.

Distribuons dès à présent les bons points (cela ne va pas nous occuper bien longtemps de toute façon). Tout d'abord, la production de « No Sign of Glory » est en tout point supérieure à celle de « Return... » et colle enfin à ce que proposait Running Wild au faîte de sa gloire : le son de batterie est irréprochable et aucun effet artificiel ne vient entacher la performance vocale. Ced est toujours l'excellent guitariste que l'on connaît et il ne cesse de progresser en tant que batteur. Plusieurs refrains entêtants parsèment heureusement l'album (« Fire the Cannons », « Bloody Gold », « Stranded & Exiled »...), tout en étant à mille lieues des hymnes qui figuraient sur l'album précédent. Merci, mesdames.

Maintenant, venons-en aux mauvais points, et Dieu sait s'ils sont nombreux. Ce qui faisait la force de « Return... », malgré ses problèmes de production et la performance de Nordkvist (je renvoie une dernière fois le lecteur ici), était l'incontestable qualité des compositions. Et c'est tout simplement de l'absence de morceaux mémorables que souffre cet album.
Je dois certes reconnaître que les deux titres démo mis en ligne plusieurs mois en amont de la date de sortie m'avaient plongé dans le doute, mais aussi ajouter que c'est avec les meilleures intentions du monde que j'ai décidé d'aborder ce « No Sign of Glory ». Enthousiaste, je ne demandais qu'à être conquis...

Or, j'ai compris dès l'introduction que quelque chose ne tournait pas rond.
Le principal défaut de cet album est sa tendance à la complexification inutile, procédé coupable qui vient sur la longueur gâter la moindre ébauche de bonne idée. La qualité des morceaux de « Return... » était justement due au fait qu'ils ne s'embarrassaient de presque rien de superflu. En ce sens, « Declaration of War » annonce la couleur d'entrée de jeu : rien à voir avec la simplissimement efficace « Black Chest Inn ». Où est passée l'évidence harmonique jouissive si caractéristique des riffs de Running Wild (et donc aussi de ceux du premier album de Blazon Stone) ? Peut-être Ced se sent-il « progresser » en tant que compositeur, mais il semble ici perdre la naïveté intelligente qui a fait de « Return... » un succès. De plus, quand il ne s'égare pas dans ce nouveau travers, il se morfond dans une redite sans conviction (« Fight or Be Dead », « No Sign of Glory »...)

La première partie de la tracklist (jusqu'à la fin de « Bloody Gold ») est juste honnête (et comme c'est décevant pour du Blazon Stone !). Parmi les quelques riffs efficaces de l'album, notons ceux de « Fire the Cannons » et de « No Return from Hell », « running-wildesques » comme il faut chacun à sa manière, qui parviennent à nous faire sagement hocher la tête. Le problème réside à chaque fois dans les autres sections auxquelles Ced les a accolés. Ainsi, le pont de « Fire the Cannons » a un petit côté fête foraine du Power Mélo très déplaisant (il en ira de même plus loin avec celui de « Fight or Be Dead »...). Dans « No Return from Hell », ce sont les plans de guitare inutilement compliqués qui viennent ternir l'ensemble du morceau (ce sera également le cas juste après avec « Bloody Gold » et sa mise en place finale risible que même un Judas Priest époque « Sinner » n'aurait pas osée).

C'est avec « Fight or Be Dead » que commence la deuxième partie de l'album. Et j'aime autant vous prévenir : ce qui arrive est dur à encaisser. Déjà que jusque-là ce n'était pas glorieux (mdr)... Ce morceau écrase avec des rangers pointure 48 les doigts de ceux qui ont eu la foi de rester accrochés à leur casque pendant plus de vingt minutes. Aucun relief, aucun intérêt, et un pont interminable qui tente en vain de réinjecter à grands coups de twin guitars de l'énergie au morceau. Pitié.
Le morceau-titre qui vient clore l'album ne vaut pas non plus un clou par rapport à son ancêtre "The Tale of Vasa", auquel son numéro et sa durée nous poussent naturellement à le comparer. Après une introduction brumeuse à la "Genesis (The Making and the Fall of Man)" très prometteuse, qui nous fait un court instant rêver d'un final digne du nom Blazon Stone, commence à prendre forme sous nos yeux écarquillés le morceau le plus traître de l'album, lauréat du prix « riff et refrain les plus pourris du monde » édition 2015. On ressort de l'écoute frustré et déçu, obligé d'admettre à contrecœur que Blazon Stone était en réalité le projet d'un seul album coup de maître.

Perdu dans ce marasme musical, le morceau « Stranded & Exiled » fait cependant figure d'exception. C'est LE vrai bon titre de l'album, dynamique et tout, le seul à pouvoir prétendre égaler ceux du premier album (et ce malgré, encore une fois, ce côté alambiqué de certains arrangements guitare dont on se serait volontiers passé...). L'unique preuve tangible que le volcan n'est pas éteint mais seulement endormi. Cela fait hélas trop peu pour que l'on puisse se sentir rassuré quant à l'avenir de Blazon Stone.

Qui aurait pu prédire ce triste coup du sort ? Sur le papier, « No Sign of Glory » avait pourtant tout pour lui... Avec la participation d'un meilleur chanteur (malgré ses aigus bien au-delà de la tessiture de Rock n' Rolf et son accent à couper au couteau... les intonations de Nordkvist, si imparfaites aient-elles été, se rapprochaient plus de celles du capitaine !) et un meilleur traitement sonore de sa performance, on était en droit d'attendre quelque chose de grand de la part de Blazon Stone. La qualité des compositions, qui constituait presque à elle seule la force incroyable de son aîné, s'avère le talon d'Achille de ce second album. Qui l'aurait parié ?

« No Sign of Glory » est si vide qu'il sonne par moment comme une maquette en période d'essai. Les morceaux sont globalement moins longs parce que moins inspirés et leurs structures, toutes pensées d'après le même modèle dénué d'inventivité, ont la sale manie de se répéter (exception faite, évidemment, de celle du morceau-titre).

Ced ferait mieux de prendre un peu plus de temps pour peaufiner ses réalisations. Il lui serait probablement bénéfique de se poser la question concernant sa véritable ambition musicale : son rêve est-il de sortir tous les deux ans trois albums relativement anecdotiques ou bien de sortir au moment opportun un album qui marquera son temps et honorera son nom (ce qu'il est, j'en suis persuadé, parfaitement en mesure de faire) ? Tout ce que je peux affirmer, c'est que cet album n'est pas à la hauteur de ses capacités... et que c'est déplorable.

Tracklist :

1 - Declaration of War (Intro)
2 - Fire the Cannons
3 - A Traitor among Us
4 - No Return from Hell
5 - Bloody Gold
6 - Fight or Be Dead
7 - Beasts of War
8 - Stranded & Exiled
9 - No Sign of Glory

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