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Album

27 septembre 2015 - DarkMorue

Nile

What Should Not Be Unearthed

LabelNuclear Blast
styleBrutal Death Metal
formatAlbum
paysUSA
sortieaoût 2015
La note de
DarkMorue
6.5/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

Gneh. Cette chronique m'emmerde. Parce que j'avais vraiment envie d’encenser cet album, en dire du bien, expliquer que nos égyptologues sont de retour en force et cassent la gueule à toute concurrence. D'ailleurs aux premières écoutes j'étais parti pour faire ça, tellement cet album est sexy au premier abord. Et puis en fait non. Et le soufflé qui se dégonfle. Et comme d'habitude, ils vont réussir à ne pas faire l'unanimité, comme tout ce qu'ils sortent depuis 10ans. Un quatrième album consécutif où la presse va se départager entre séances de sexe oral sauvage et rejets hargneux. Le dernier véritable classique reconnu de tous en date restant "Annihilation of the Wicked", qui est en fait en un sens l'album dont "What Should Not Be Unearthed" est le plus proche. Allez, c'est parti.

Perso, je fais partie de ceux qui ont énormément apprécié "At the Gate of Sethu". On reconnaît bien évidemment ses défauts, entre sa production bancale voire amateure (mais on commence à être habitués aux soucis de son avec eux) et son chant étrangement trop arraché. Mais un album prenant une direction plus Dark, mettant plus en avant son côté traditionnel et ambiancé et disposant enfin de mid-tempos bien lourds et oppressant (ce diptyque final!) était plus que le bienvenu dans une discographie qui mine de rien s'allonge bien. En revanche, "Those Whom the Gods Detest" m'emmerde pas mal, rien qu'à cause de sa longueur insupportable entre la piste 1 et la piste 6, plusieurs dizaines de minutes de néant embourbé kitsch nul (je sais que vous êtes pas d'accord, tapez-moi). Eh ben là, Nile nous ont un peu fait ça. Les deux morceaux qu'ils ont balancé en avant-première, le monstrueux "Call to Destruction" avec sa thématique forte et moderne, et le hit total "Evil to Cast Out Evil" sont des titres qui ont de quoi foutre à terre tout le monde, de manière objective. Par contre entre les deux...

Bon, déjà, on souligne le bon. Le son est enfin à la hauteur, ça tabasse la gueule, c'est lourd et ensablé, même si Kollias a vraiment une sale production qui contraste avec le naturel des albums précédents. Mais bon, un groupe de cette trempe ne peux bien évidemment pas tout miser sur la mise en forme. Et si on se mange toujours des plans techniques à en décourager n'importe quel guitariste en herbe, on sombre vraiment trop dans le fan-service pour que ce soit honnête. Et toute la première moitié de l'album en devient une véritable traversée du désert. "Negating the Abominable Coil of Apep" par exemple, c'est quoi ce truc. Morceau sans aucun sens faisant du Nile pur jus avec des descentes de manche totalement repompées de "Kafir !" et des ralentissements bien peu inspirés. Et toute la première partie de l'album a cette gueule. C'est bien, les mecs tricotent, toujours ces riffs épileptiques tarabiscotés mais avec ce côté poussiéreux. C'est bien. C'est mignon. Mais rien qui sorte du lot. Rien qui accroche vraiment les tympans et nous fasse nous dire "hey, c'est super bien, je réécouterais ce morceau tous les jours !". Et en plus de ça, toute forme d'ambiance antique est cette fois absolument inexistante sur l'album, avec des interludes bien pauvres et courts. On lève quand même le poing au commandement d'une armée de fantassins sur "In the Name of Amun", mais pffff. Déception.

Et, soudain, dans sa seconde moitié, le pharaon se réveille. "Evil to Cast Out Evil" est la boucherie qu'on connaît désormais, en titre mid-tempo épique mais entêtant, et tout ce qui suit montre une augmentation non négligeable du niveau qualitatif des riffs et dégaine enfin des morceaux captivants, montrant que sous sa grosse prod de mastodonte, le gang est encore capable de coups d'éclat. Entre l'énorme claque dans la gueule "Rape of the Black Earth" qui se hisse sans souci dans le top de l'album en étant le seul titre bas du front en mode tank à vraiment fonctionner, et "Age of Famine" en morceau lent et rampant tétanisant et porté par le growl abyssal de Karl qui fait plaisir à entendre par ici (même si c'est toujours pas la joie niveau chant mais bon, ça changera jamais ça hein), de même que le titre final qui clôt l'album dans les leads sanglotantes. Enfin voilà, c'est comme l'interlude "Ushabti Reanimator" : c'est pas mauvais, mais du déjà vu et entendu un peu trop souvent pour être honnête.

Donc. On est pas du tout en face d'un mauvais album, loin de là. Mais en fait, j'ai juste vraiment beaucoup trop l'impression d'un groupe qui balance l'album attendu des fans, avec le son de bourrin aux petits oignons, pour se faire pardonner d'un "At the Gate of Sethu" qui est surtout carrément sous-estimé. Complètement bourrin et bas du front, l'album le plus "simple" que Nile n'ait jamais sorti, c'est pas forcément une mauvaise chose, mais il y a fort à parier que d'ici 6mois, quand j'aurai envie d'écouter du Nile, c'est tout sauf celui-là qui va passer à la platine. Donc bah, c'aurait été un groupe sortant de nulle part qui nous balance ça on aurait crié au génie, mais là on navigue bien trop en terrain balisé et on a trop l'impression de simplement mater un blockbuster remastérisé. Comme le Exodus de Ridley Scott qui reprend Le Prince d'Egypte en péplum d'action plaisant mais sans âme, sorti il y a 9mois et déjà oublié de tous. On cogne, on cogne mais on en oublie l'essence, ça manque de titre phare que TOUS les autres albums ont, ça manque d'âme. Bref, un de plus. Au dessus de la concurrence mais en dessous de lui-même.

Tracklist :

1 – Call to Destruction
2 – Negating the Abominable Coils of Apep
3 – Liber Stellae – Rubaeaea
4 – In the Name of Amun
5 – What Should Not Be Unearthed
6 – Evil to Cast Out Evil
7 – Age of Famine
8 – Ushabti Reanimator
9 – Rape of the Black Earth
10 – To Walk Forth From Flames Unscathed

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