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Album

10 décembre 2015 - Lactance

Whiplash

Ticket To Mayhem

LabelRoadrunner Records
styleThrash Metal
formatAlbum
paysUSA
sortieoctobre 1987
La note de
Lactance
7/10


Lactance

Difficile de rassasier une seconde fois la thrash zone après lui avoir fourni un morceau de choix tel que Power And Pain. Car sans se le cacher si la plupart d'entre nous apprécie Whiplash c'est avant tout pour leur premier album considéré par la grande majorité comme un classique du Thrash Metal. Et pour cause !

Sorti en 1985 Power And Pain c'est avant tout un condensé de riffs plutôt simples mais incroyablement bien exécutés qui démarre sur les chapeaux de roue sans décélérer une seule seconde, le tout dans un certain esprit punk. Le premier album des Américains figure ainsi rapidement parmi les meilleures sorties de 1985, année qui voit soit dit en passant plusieurs formations de talent lorgner vers des terrains plus extrêmes qui ne demandent alors qu'à être explorés (Hell Awaits, Seven Churches, To Mega Therion...).

Whiplash entend ainsi nous surprendre une seconde fois en revenant deux ans plus tard, en 1987, afin de nous concocter le digne successeur de Power And Pain intitulé Ticket To Mayhem. Quelques petits changements de dernière minute sont à noter pour le coup. D'une part on remarque l'arrivée de Joe Cangelosi derrière les fûts remplaçant ainsi Tony Scaglione parti momentanément dans un petit groupe local nommé Slayer qui vient lui aussi de séparer de son batteur (pauvre garçon, s'il savait ce que l'avenir lui réserve). D'autre part c'est du côté de la prod' que ça prend du galon. En effet ce n'est nul autre que le studio Morrisound qui se charge de l'enregistrement de l'album où un certain Scott Burns commence à tâter de la table de mixage. Côté artwork, c'est pas la folie non plus mais bon après la pochette hideuse de Power And Pain vous vouliez peut-être un Chagall ?

Sans grande surprise les Américains se montrent dans un premier temps fidèles à eux-mêmes en reprenant en partie la recette du premier album. La distorsion est à la fois écorchée sans être trop grasse, quant aux riffs ça déferle pas mal avec un Thrash des familles plutôt racé. On retrouve ainsi nos compos véloces à souhait cisaillés par ces hammer-on légendaires que l'on retrouvait sur les missiles du premier opus à l'exemple de certaines pistes comme Drowning In Torment ou Snake Pit.

Certains nouveaux morceaux se montrent aussi particulièrement accrocheurs à l'instar des incontournables The Burning Of Atlanta et Walk The Plank que l'on retrouve de temps à autre dans les setlists du groupe. Oui parce que les mecs de Whiplash sont toujours dans le circuit si l'on en croit les affiches au visuel douteux sur lesquelles leur nom apparaît et qu'ils s'empressent de publier sur les réseaux sociaux. Ainsi Ticket To Mayhem n'a vraisemblablement pas besoin de forcer trop la main pour convaincre. Même si ça tabasse sévère, le produit final passe relativement crème finalement.

Notre trio semble ainsi continuer à son rythme sans se laisser distraire par les camarades de New-York de plus en plus intéressés par leurs racines punks (Nuclear Assault, S.O.D.). Sur le plan de la composition d'ailleurs le résultat se veut plus cohérent et plus abouti que le premier effort du combo davantage marqué son jeu spontané, à l'exemple d'un certain Bonded By Blood sorti la même année. Les breaks et les solos paraissent mieux amenés, mieux ficelés que par le passé même si la structure des morceaux reste somme toute conventionnelle pour l'époque, il faut le reconnaître. Un mal pour un bien ou un bien pour un mal, difficile de vraiment juger selon les attentes de chacun.

En tout cas Ticket To Mayhem ne saurait être non plus une copie conforme de son aîné. Outre les morceaux typiquement « made by Whiplash », le groupe peut se montrer beaucoup plus serein comme le suggère notamment l'intro de Spiral Of Violence ou la power ballad Last Nail In The Coffin dont le début fait légèrement penser à Remember Tomorrow (Iron Maiden) avant de renchérir sur un riff heavy à la All Men Play On 10 (Manowar). Dans la même logique les parties vocales se veulent sensiblement moins hargneuses qu'à l'accoutumée. Sans faire midinette non plus Portaro se montre en effet moins teigneux, moins agressif que sur le premier album et s'essaye même au chant clair lors de certains passages qui pourraient tout aussi bien rivaliser avec les prouesses vocales du sieur Mustaine. Ouais c'est pas forcément folichon, les vocalises on laisse tomber Tony.

Deuxième salve plutôt bien réussie donc. Ticket To Mayhem est un album bien exécuté qui, malgré quelques petites nouveautés, reste globalement dans la ligne directrice offerte par Power And Pain – le seul, l'unique. Toutefois avec du recul le second opus des Américains semble souffrir immanquablement de la réputation de son aîné et c'est peu dire. Pourtant mieux travaillé et mieux abouti que lui, Ticket To Mayhem manque paradoxalement d'un brin de fougue et de mordant pour concurrencer l'indétrônable Power And Pain. A l'instar d'un Rising From The Sea (Exumer) ou d'un Violent By Nature (Atrophy) le second rejeton de Whiplash semble ainsi condamné à rester dans l'ombre de son grand frère même si, tout bien considéré, le benjamin de la famille se défend lui aussi plutôt bien.

Tracklist :

1.     "Perpetual Warfare"
2.     "Walk the Plank"
3.     "Last Nail in the Coffin"
4.     "Drowning in Torment"
5.     "The Burning of Atlanta"   
6.     "Eternal Eyes (Last Nail in the Coffin Part 2)"
7.     "Snake Pit"       
8.     "Spiral of Violence"  
9.     "Respect the Dead"   
10.     "Perpetual Warfare"