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jeudi 20 août 2015

Horacle

Dyno et Greg War

Nostalmaniac

Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)

Amateurs de Speed / Heavy Metal, la formation belge Horacle vient de sortir « Dead Eyes Revelations », un premier effort studio qui mérite toute notre attention ! 
Rencontre avec Dyno Cousin Itt (Guitare) et Greg War (Batterie) autour de quelques pintes.



Le groupe nous offre en bonus un nouveau titre avec "No Resistance" qui s'écoute en bas de l'interview !

- Salut Dyno, salut Greg, est-ce que vous pourriez présenter Horacle à nos lecteurs ?

Dyno : Salut à toi ! Et bien, Horacle s’est formé en 2007 sous l’impulsion de Franck (L. Sabathan) et de David Calitri. Il faut savoir que Franck avait déjà dans la tête ce genre de projet dédié au Heavy Metal qu’il affectionne dans les années 90. Courant 2009, Greg a été faire quelques répètes avec eux et ça s’est très bien passé. Pour ma part, j’ai rejoint le groupe quelques semaines plus tard, via un ami commun (qui poussait la chansonnette avec eux). Greg les connaissait déjà avant, mais c'était facile car on est des gars de la même région. Ce qui fut plus ardu, c’était de trouver LE bon vocaliste. Heureusement, on a recruté Terry en 2010 et on a pu accoucher avec ce lineup d’un premier mini-album en 2011 puis d’un second en 2013 avant de se concentrer sur notre premier album qui vient de sortir.

- On notera justement que votre chanteur est Français. Trouver un bon vocaliste belge est-il si compliqué ?

Dyno : C’est le moins qu’on puisse dire.
Greg : Ou alors, ils nous évitent… (rires)
Dyno: Non, sincèrement, il n’y en a pas beaucoup. Il y en avait un qui chantait dans Moonchild (un tribute band à Iron Maiden) mais il est parti au Japon.
Bon, après, il suffit de voir le nombre de groupes de Heavy Metal que tu as dans notre région, en Wallonie, et une fois que tu as épluché ça, regarde le nombre de chanteurs qui chantent correctement dans ces groupes-là et tu arrives à zéro. Ce n'est pas plus compliqué que ça malheureusement.

- Et comment l’avez-vous recruté ?

Dyno : Terry et Franck ont une amie en commun à Metz, l’amie en question en a parlé à Terry et ils se sont rapidement mis en contact. Franck a envoyé des morceaux qu’on avait déjà enregistrés pour le premier EP puisqu’en fait au départ, on avait un premier chanteur avec qui ça n’avait pas du tout fonctionné en studio. Toute la musique du premier EP était déjà enregistrée, les textes déjà écrits et les mélodies chant aussi. Donc on a transféré ça à Terry qui habitait Nancy et il a été assez emballé.
 

- Votre premier album vient donc de sortir après deux EP, comment s’est déroulé l’enregistrement ?

Dyno: Très bien !
Greg : Impeccable, oui.
Dyno : On a pris un peu de retard par rapport au planning initial, mais en fait, on s’en doutait. On s’en doutait réellement. On voulait se laisser le temps de bien peaufiner l’album. Qu’il n’y ait pas de stress, qu’on ne soit pas énervés, que ce soit fait proprement et pas dans la douleur. À partir de là, on s’est laissé le temps qu’il fallait, oui.
Greg : On a été bien reçus, bien logés, etc. L’environnement s’y prête totalement !
Dyno : Le studio est excellent. C’est une maison qui est dédiée à ça donc tu te retrouves avec une salle énorme de deux étages au rez-de-chaussée pour enregistrer. Pour l'enregistrement d'une batterie, d'une basse, ça c’est excellent parce que tu as vraiment du volume. Le dernier étage, c’est un appartement : deux chambres, six lits. T’es vraiment, vraiment à ton aise.
Tu sais quand tu passes une semaine complète dans une baraque enfermé avec des gars, ce n’est pas négligeable.
Les conditions étaient exceptionnelles et Gérald Jans, l’ingé son, est quelqu’un de très compétent. Il est pas du genre à te prendre la tête ou à te mettre la pression. Il est vraiment très cool mais aussi très attentif. Tout ça fait qu’au final, l’enregistrement s’est déroulé vraiment dans de très bonnes conditions mais en tenant compte qu’on a pu se permettre de prolonger la session d’enregistrement.

- Vos précédents EP avaient été enregistrés au Blackout Multimedia de Bruxelles (studio de Jeremy Bézier d’Enthroned). Etait-ce un choix de ne pas y retourner ?

C’était clairement un choix, car d’une part, il a augmenté ses prix par rapport à notre dernière visite et d’autre part ça ne s’était pas bien passé avec Jérémy. Il y avait eu quelques tensions. Tous les groupes qui vont enregistrer chez lui ont le même son, un son un peu Black/Thrash pourri, de cave, et ce son-là, il ne le fera jamais pour ses groupes. Le son qu’il est capable de faire pour ses groupes, il ne le fera jamais pour d’autres groupes non plus. En tout cas, c’est un son qui ne collait pas du tout à Horacle. Pour le deuxième EP, on a eu des retours par rapport à ça. Le son n’est pas bon. Ca ne colle pas à un groupe Heavy Metal, on n'a vraiment pas eu une bonne production du tout. Donc nous n’étions pas contents du son, pas contents de la façon dont ça s’était passé. Je ne vais pas le cacher, c’était une réelle volonté de ne pas retourner là-bas.

- Pourquoi avoir choisi l’autoproduction ?

Greg : Techniquement, on n'a pas eu de propositions donc…
Dyno : C’est-à-dire qu’on n'a pas fait les démarches pour et la question ne s’arrête pas là.
Ce n'est pas le label qui fait le travail pour toi. Certainement pas à notre niveau. Ton groupe doit fonctionner sans label et si tu peux y arriver, tu intéresseras un label. À ce moment-là pourquoi c’est intéressant d’en avoir un, c’est parce que ce label a un réseau et peut t’en faire profiter. Tout ce qui est visuel, direction artistique, c’est au groupe à donner l’impulsion et ce n'est certainement pas au label à le faire à la place du groupe. Et ça, il y en a qui ne comprennent pas encore aujourd’hui.
Pour revenir à nous, on ne peut dire qu’on n'avait pas le choix, car on a travaillé avec un label allemand Dying Victims Productions pour finalement en être déçu. Soyons clair, la retombée a été nulle. Ici, on a eu des contacts avec d’autres labels, mais on se rend compte que systématiquement, c’est du 80/20 mais 80 % pour le label ! Au final, tu fais de la musique pour qu’elle appartienne à 80% au label. On a fait tout le taf, le studio comme l’artwork a été autofinancé, pourquoi on irait donner 80 % de tout ça a un label et n’avoir que des miettes ? Juste pour qu’on parle plus de nous éventuellement si le label en question fait bien son boulot ? Ca se discute, je pense. On a donc finalement pris l’option de l'auto produire pour pouvoir en gérer tous les aspects et financer nos futurs projets.
Bien entendu, nous sommes conscients que cela peut-être handicapant, car les gens peuvent se dire “Ils avaient un label et maintenant, ils n’en n’ont plus” mais bon. L'idée du crowdfunding ne nous plaisait pas non plus.

- Un autre changement important depuis vos deux premiers EP, c’est le départ de David, co-fondateur du groupe, et l’intégration d’un nouveau guitariste en la personne de Alekseï Makarov. Tu peux nous en parler ?

Dyno : Bien sûr… David Calitri a quitté le groupe pour des raisons professionnelles, il travaillait comme un acharné et ne pouvait plus s’investir dans le groupe. On s’est séparés en bons termes et on s'est rapidement mis à la recherche d'un nouveau guitariste. Alekseï, c’est une connaissance de Terry, que Franck connaissait aussi un petit peu. Il était chaud à jouer du Heavy Metal. Il joue aussi dans Bursting qui fait du Thrash Metal et il avait envie d’exprimer son côté plus mélodique. Il était très emballé à l’idée de nous rejoindre. Je ne dirai même pas qu’on a fait une répéte d’essai, car le guitariste on le connaissait déjà, on le savait motivé donc tout s’est mis en place naturellement..
Greg : Quelqu’un de fort sympathique au demeurant. Un peu porté sur la gente féminine, mais c’est un autre débat (rires).
Dyno : David avait plutôt un bagage technique rock 70’s et Alekseï est plutôt late 80’s. Ce qui se ressent fort dans ses compositions.

- Parlons justement du processus de composition, comment ça se passe entre vous ?

Dyno : Greg et Alekseï composent essentiellement. Je tiens d’ailleurs à dire que Alekseï a vraiment mis sa patte sur ce premier album, ce qui n'est pas toujours évident pour un "nouveau". Tous les deux proposent des morceaux auxquels on ajoute parfois une mélodie ou l’autre. Sinon, en général, chacun amène sa graine. Il y a vraiment l’intervention de tout le monde avec une structure de base qu’on fait évoluer.

- Difficile de passer à côté des textes, pouvez-vous nous en parler brièvement ?

Dyno : Les influences de Terry, qui a écrit l'intégralité des textes et des lignes de chant sur l'album, avec parfois quelques idées de Franck, sont en générales portées sur l'occulte, les manifestations dites "surnaturelles" aussi bien spirituelles que les forces de la nature en général. Ce sont des thèmes qui lui sont chers.
À chacun aussi d’en faire son interprétation. Ce serait quand même triste de devoir décrire précisément à l’auditeur ce qu’il doit comprendre.
D'une manière générale, il essaie d'avoir des paroles qui collent à l'univers général et au feeling de la chanson, si le morceau est direct et efficace, les paroles le seront aussi. S'il semble un peu plus profond, personnel et complexe, idem.
Un morceau doit lui inspirer certaines images et on lui fait pleinement confiance pour ça.

- A propos de l'artwork, comment avez-vous contacté Juanjo Castellano Rosado ? Vous aviez une idée précise de la pochette ?

Dyno : Juanjo est un grand admirateur de Lord Sabathan du temps d’Enthroned et il voulait déjà travailler avec lui à cette période. Ils étaient déjà en contact depuis longtemps donc et quand Juanjo a vu la tournure qu’Horacle prenait et qu’il aimait bien, il a proposé son aide. Ça tombait relativement bien !
Évidemment y avait la thématique des paroles de l’album et dès le départ Franck savait ce qu’il voulait, cette idée de fenêtre de grenier, de toiles d’araignée, etc.

- Un peu dans un esprit King Diamond, non ?

Dyno : Je ne crois pas que la question s’est posée de savoir si on voulait un esprit King Diamond ou pas, même si tu as raison, on est dans le même esprit, surtout celle de Voodoo.. C’est aussi le genre de pochette qui me fait moi penser aux pochettes de Black Metal deuxième vague des années 90 dont je suis fan. C’est quelque chose que j’adore. Il y avait également un clin d’œil par rapport au deuxième EP car sur la pochette figure la Basilique de Walcourt et ici on a la Tourette de Yves-Gomezée. C'est quand même notre région. Moi, j’habite Walcourt, Franck et Greg War habitaient à Yves-Gomezée. On est attachés à notre région alors autant utiliser ce qu’on a sous la main plutôt que de chercher ailleurs.

- Vous avez joué au Metal Magic, au Danemark, le mois dernier, comment ça s’est passé ? Votre ressenti ?

Dyno : On a été bien reçus, mais en même temps, il n’y avait pas d’étonnement, car on avait déjà joué pour l’after party qui se fait en hiver. Clairement, on avait déjà été très bien reçus à l’époque. Ça restait néanmoins un concert dans une petite salle, ici, tu rentres dans une autre configuration où tu as un staff technique de dingue derrière. Tu travailles vraiment avec des professionnels. C’est impressionnant, car on n'a pas vraiment l’habitude surtout en Belgique. 
Greg : Oui voilà, une organisation sans faille !
Dyno : De façon générale, c’était un live bien energique, je pense que l’ambiance y était, la complicité entre les musiciens aussi et c’est important. C’est sûrement notre force en live. On a envie de donner notre meilleur à chaque fois.

- J’imagine que ça vous donne envie d’enchaîner sur d’autres scènes du genre...

Dyno : Le Headbangers Open Air, c’est un rêve. Le Party San et le Keep It True aussi. C’est le genre de festival dans lequel on aurait notre place, je pense. Après je ne peux pas te dire comme certains que je cracherai sur le fait de jouer au Graspop même à 10h du matin pour réveiller le camping. Au final, ce que les gens retiendront, c'est que tu as joué au Graspop, ça compte sur un CV...
Il ne faut pas se voiler la face, on est des musiciens, quand tu joues depuis longtemps et que tu peux te produire sur scène dans de telles conditions évidemment t’as envie que ça s’enchaîne et de proposer ta musique au plus grand nombre. En Belgique, c'est assez compliqué.

- Je rebondis là-dessus, est-ce que vous avez l’impression comme moi qu’il y a une cassure entre le Nord et le Sud en Belgique ? La Wallonie est t-elle à la traîne niveau Metal ?

Dyno: C’est indéniable !
Greg : C’est le jour et la nuit !
Dyno: Ca a toujours été le cas. Déjà par le passé, l'orga Metallysee s’occupait de quasi tous les concerts Metal et tous les bons groupes ne passaient qu’en Flandres. Il n'y avait jamais un groupe qui débarquait en Wallonie dans un trou perdu. Le Metal a toujours été plus développé en Flandre qu’en Wallonie.
Il faut reconnaître qu’en Wallonie à part du machin -core, t’as rien qui peut fonctionner ! Sérieusement, qu’est-ce qu’on a en Wallonie qui fait du Heavy Metal ? (long soupir) Du bon, il n'y a franchement pas grand chose... Heureusement, il y a de très bonnes initiatives comme le No Compromise Fest à La Louvière alors là, c’est plus que taille humaine, c’est vraiment réduit, 180 personnes ! Tu retrouves un peu l’ambiance que tu avais dans des cafés comme le premier ou le deuxième Frontline (à Gand) où t’avais des gros groupes Underground qui pouvaient jouer. Au final, t’as vraiment un gros contact entre le groupe et le public. C’est vraiment un super fest, t’as vraiment l’impression d’assister à la répète du groupe dans ton salon, l’ambiance est vraiment bonne. Bref, c’est un fest qui en vaut la peine !

- Et sinon, à quand une date en France ?

Dyno : Un de nos premiers concerts c’était à Marange-Silvange en Lorraine (au Dock Club 412 le 9/04/2011) ! Il est vrai que ça commence à dater... On aimerait beaucoup jouer au Pyrenean Warriors Open Air par exemple ! C'est le genre d'affiche qui nous parle. Sur Paris également, avec Furies, c’est quand elles veulent ! (rires).

- Des projets pour le futur ?

Dyno : On travaille déjà sur de nouveaux morceaux sinon on a quelque concerts prévus en Belgique
Greg : ...le 29 de ce mois au Titans Fest à Chièvres et le 7 novembre au Dark Fest à Alleur.

- Qu'écoutez-vous en ce moment ?

Greg : J'avoue que je n'ai pas trop le temps d'écouter de nouvelles choses à part Evil Invaders que j'adore. J'en reste à mes classiques : Metallica, Iron Maiden, W.A.S.P., etc.
Dyno : C'est un peu pareil. Dernièrement, Battle Beast m'a beaucoup impressionné sinon j'ai découvert Warlord qui est fantastique. Hors-Heavy, le dernier album de Nokturnal Mortum est génial ! Quelle claque... Je regarde souvent la vidéo live du titre "Ukraine". Le "Jahreszeiten"  de Nargaroth tourne beaucoup aussi.

- Je vous laisse le mot de la fin !

Dyno : Merci à toi pour l'interview et salut aux lecteurs de Horns Up ainsi qu'aux metal maniacs français !
Greg : Merci également. Notre album peut se commander en envoyant un message sur notre page facebook ou par mail via horacleofficial@gmail.com.
A bientôt !

Interview réalisée le 05 août 2015 à Namur.